SUNTAN (13,8) (Argyris Papadimitropoulos, GRE, 2017, 104 min) :


Troublante descente aux enfers dans l’île grecque d’Antiparos d’un médecin quadragénaire solitaire, recruté par la municipalité. Arrivé pendant l’hiver où sa solitude s’étire lors de journées mornes, jusqu’à l’arrivée de l’été bousculant le quotidien taciturne de Kostis au contact des touristes. Le réalisateur grec Argyris Papadimotropoulos méconnu dans l’hexagone débarque sur nos écrans avec une chronique cruelle sur le temps qui passe et la jeunesse disparue, à jamais. D’entrée la caméra suit les pas du nouveau médecin arrivant au cœur de l’hiver où la rigueur du climat se confond avec celle du praticien taiseux jusqu’à l’apparition de l’été. Avec pertinence l’auteur filme à hauteur d’homme la déchéance de cet homme qui va se consumer au fur et à mesure des consommations et des contacts avec certains vacanciers. Notamment dès sa rencontre lors d’une visite dans son cabinet avec un groupe de touristes délurés dont une jeune désirable Anna accidentée fait partie. Dès lors le médecin bedonnant et velu va s’enticher de la décomplexée et insouciante Anna sans se rendre compte du chemin de croix qui l’attend. Comme un papillon voyant de la lumière, Kostis va se brûler les ailes en s’approchant trop près de ce qu’il pense être l’amour. La mise en scène rend bien compte de l’atmosphère des soirées où l’alcool coule à flot sous le son électro des clubs et des boîtes locales. Il filme sans fausse pudeur les plages naturistes (nombreuses scènes de nues), en confrontant la beauté des corps de cette jeunesse dynamique, à celui plus ventru de Kostis, étant de ce fait isolé de ce groupe de jeunes gens venus pour s’adonner sans limites à tous les plaisirs. Le réalisateur adopte une narration lente, bien écrite mais parfois trop répétitive pour souligner au mieux, le cercle vicieux dans lequel va d’enfermer le quadra suite à une relation sexuelle très rapide sur le sable avec Anna, dont il va s’imaginer après cet acte intime, des lendemains relationnels amoureux avec elle. Le long métrage ausculte parfaitement petit à petit, la dérive psychologique du toubib, se perdant dans un chemin de croix obsessionnel. L’auteur dresse le portrait de cet homme tourmenté par ses échecs, dans une chute intime inexorable, ou dérives de l’alcool et désirs sexuels engendrent négligence professionnelle, humiliation et perversion…Cette fiction sert également de prétexte au réalisateur pour nous offrir une parabole politique où l’hédonisme consumériste des européens se confronte à la crise financière grecque. Pour incarner avec chair ce récit sombre dont Houellebecq semble planer au-dessus de cette histoire tragi-comique inondée de soleil, il fallait un casting au poil. Papadimitropoulos se repose sur l’étonnant et dérangeant Makis Papadimitriou et la lumineuse et désirable Elli Tringou pour donner plus de corps à cette chronique d’un été en pente rude. Le reste du casting s’avère aussi convaincant. Venez découvrir lors d’une plage horaire disponible, cette crise de la quarantaine déviant vers une spirale infernale au sein de Suntan. Pathétique. Érotique. Cruel.

seb2046
7
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le 31 mai 2017

Critique lue 741 fois

5 j'aime

seb2046

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