Can Be Hero , Just For One Fight

A première vue ce Super semblait arriver un peu après la bataille puisque d'autres films traitant du même sujet du type ordinaire devenant un super héros étaient déjà sortis en 2011 avec notamment Defendor et surtout Kick Ass. Pourtant le scénario de Super dormait dans les tiroirs de James Gunn depuis 2002, le réalisateur attendant que la mythologie des super héros soit suffisamment installer dans les esprits du grand public grâce à de gros succès cinématographiques pour pouvoir en faire la déconstruction. Et puis finalement peu importe de savoir qui était là le premier car le film de James Gunn à défaut d'être original par son sujet l'est assurément par son traitement.


Super c'est l'histoire de Frank D'Arbo, un type bien ordinaire et presque même un peu en dessous, dont la plus grande fierté est d'avoir épousé une femme magnifique. Malheureusement pour lui son épouse succombe aux charmes vénéneux d'un truand et dealer de drogue, laissant Frank seul et au fond du gouffre. Frank décide alors de devenir un super héros pas tellement pour défendre le crime et faire le bien mais essentiellement pour récupérer sa femme....


Super est incontestablement moins spectaculaire que le Kick Ass de Matthew Vaughn et moins sombre que le Defendor de Peter Stebbings mais James Gunn propose sans doute le film le plus drôle, le plus fou, le plus tordu et peut être même le plus profond des trois. Car sous ses dehors de comédie d'action Super aborde de nombreuses thématiques aussi passionnantes que pertinentes sur les justiciers en cagoules. La frontière entre le justicier héroïque et le psychopathe masqué n'a jamais semblé aussi minime que dans Super avec son héros totalement complexé agissant de manière égoïste tout en étant guidé par des visions mystico-médiatique. Frank d'Arbo se libère sous son masque de toutes ses frustrations d'homme et trouve dans toutes choses des signes et des prétextes à poursuivre sa quête vengeresse. Plus inquiétante encore est la personnalité de sa jeune assistante interprétée par une Ellen Page absolument géniale et survoltée qui devient vraiment une dangereuse psychopathe dès l'instant qu'elle enfile son costume et décide de combattre le crime sans la moindre échelle de valeur entre les actes et les punitions qu'ils méritent. Par un pur besoin d'action, par une pseudo légitimité à faire la loi, par une absence flagrante de code moral, par une simple envie d'exister en tant que justicier nos deux super héros sont capable de fracasser les tronches à coup de clef à molette des types qui grugent dans les files d'attente de cinéma ou qui pourraient avoir rayé une peinture de bagnole avec la même rage que lorsque ils s'attaquent à des dealers ou des pédophiles. Une manière assez culottée pour James Gunn de rapprocher les super héros de certaines milices d'auto défense qui sous couvert d'un uniforme et d'une légitimité à se placer du coté des bons contre les méchants sont capables des pires actions sans trop de distinctions. Super montre alors la puissance du costume et par extension de l'uniforme qui transforme souvent les hommes en de simple fonction dans lesquelles ils abandonnent une partie de leur humanité. Super comporte une très jolie scène montrant à quel point sous un masque et un costume nous ne sommes plus tout à fait les mêmes avec le moment ou le personnage de Frank cède finalement aux avances très pressantes de Libye mais après avoir enfilé son masque comme un préservatif sentimental pour ne pas avoir la sensation de tromper sa femme en tant que Frank.


Super traite aussi de la frustration des gens ordinaire et de leur soif de reconnaissance. Assez bizarrement le film pourrait reprendre à son compte la tagline de Taxi Driver qui disait On evrey street there's a nobody who dream of being somebody. Frank d'Arbo est une sorte de looser du quotidien dont deux trois rapides flashback suffisent à faire comprendre la détresse psychologique et le personnage de Libye est lui aussi en quête de reconnaissance comme on témoignera son immense joie lorsque son visage masquée fera la une d'un journal télévisé. Mais Super est avant tout une très bonne comédie d'action dans laquelle rôde l'esprit encore chaud des productions Troma dans lesquelles James Gunn a fait ses premières armes. Par exemple la sitcom ridicule que regarde Frank à la télévision mettant en scène le vengeur saint semble sortir directement des studios de Llokd Kaufman. On retrouve aussi dans Super la folie des productions Troma avec des personnages hors normes, des débordements gore et quelques scènes bien barrées comme lorsque Frank semble recevoir la semence divine directement dans le cerveau après avoir été trépané par des tentacules sortant directement d'un Hentaï ou qu'il s'imagine en prison subissant les derniers outrages. Prostituées, macros, handicapés, dealers, pédophiles; la faune de Super n'est pas loin de rappeler celle de Hobo with a shotgun et notre super héros aura donc fort à faire pour faire taire le crime comme l'intime son cri de guerre "Shut up Crime". James Gunn montre aussi avec Super la facilité déconcertante pour quiconque de se procurer des armes aux USA avec la très amusante séquence durant laquelle Lybie et Frank vont faire leurs courses dans un supermarché d'armement avant de s'attaquer au super vilain de l'histoire. A noter aussi le formidable générique du film, sorte de comédie musicale animée complétement dingue dingue , et les onomatopées de cartoon à l'écran comme dans la série Batman des années 60.


Super peut aussi se vanter de réunir un casting cinq étoiles avec en tête de liste un formidable Rainn Wilson et sa bondissante et hilarante partenaire interprétée par une Ellen Page toujours aussi charmante et formidable. A leur coté on retrouve aussi Liv Tyler qui vient s'encanailler dans un univers un peu foutraque et Kevin Bacon qui visiblement s'amuse comme un petit fou dans le rôle du bad guy de service. On retrouve aussi avec plaisir des habitués de l'univers de James Gunn et de sacrées gueules de cinéma avec Michael Rooker et le trop rare Gregg Henry qui faisaient déjà parti du casting de Horribilis. De manière plus anecdotique on notera les apparitions de Lloyd Kaufman en passant, de Nathan Fillion en vengeur saint, de James Gunn himself en démon et la participation de Rob Zombie qui incarne la voix du seigneur (Et ça c'est la classe!).


Super est donc une excellente surprise car plutôt que de rabattre un sujet déjà exploité brillamment James Gunn parvient à trouver une voix finalement assez unique dans laquelle les gros traits de la farce cache une noirceur assez fascinante qui débouchera sur un final assez émouvant. Sous ses dehors de grosse farce carburant au second degré Super est peut être le plus profond des films de super anti-héros. Forcément la conclusion est plutôt facile, mais moi j'ai trouvé ça vraiment super !

Créée

le 16 janv. 2021

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Freddy K

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