À quand Bat 8, Iron 8 et Spider 8 ?

Moi qui suis en pleine boulimie de films des années 80 en ce moment, je me suis dit tiens, je vais mater le film des années 80 qui a été fait en 2011 (et qui se passe en 79 d'ailleurs, mais bon). Alors oui, on pense à beaucoup de films, et en particulier les productions/réalisations Spielberg de l'époque, mais hormis ça, le film ne m'a pas vraiment convaincu.

Le film en lui-même est plutôt très bien réalisé. Au niveau du rythme, de la tension, tout est parfaitement dosé. On ressent tout à fait l'ambiance de cette petite ville, comme on en a vu mille au cinéma, qui se retrouve soudain plongée au cœur d'une affaire qui la dépasse totalement. Certains effets classiques, comme les plans généraux sur la ville au début de chaque nouvelle journée, fonctionnent ici à merveille, et nous rappellent en effet une époque où il faisait bon avoir 11 ans dans l'arrière-pays américain.
C'est en fait le premier film de JJ Abrams que je vois, et j'ai appris entre deux que les fameux "lens-flares", qui m'ont franchement dérangé pendant le film, sont un peu sa marque de fabrique. Attention pour le prochain Star Wars : les plans sur Tatooine où il y a carrément 2 soleils risquent de brûler les yeux de tout spectateur normalement constitué.

Bon à part ça, ça se regarde. Le scénar tient à peu près la route, et le film remplit son rôle de gros film nostalgique. La fin avec le vaisseau qui décolle, la famille en perdition, c'est E.T., la bande de gamins qui se baladent en vélo dans leur banlieue paisible c'est Les Goonies etc. Mais puisque ces deux films semblent être les plus cités, permettez-moi d'y revenir un peu.
Par rapport à E.T., le film a ce gros côté blockbuster/explosions/scènes d'actions (dont la scène avec les tanks qui tirent au hasard, complètement gratuite et inutile) qui efface un peu le côté émotion simple et terre-à-terre (si vous me passez l’expression) qui faisait justement le charme de E.T.. Et par rapport aux Goonies, le film est d'une lourdeur sans égale. Et vas-y que je te plombe le truc avec l'histoire de la maman décédée, du père absent, de l'autre père alcoolique et dépressif, de la gamine rongée par la culpabilité... Même si c’est pas trop mal écrit, et même si là aussi ça renvoie à pas mal de films de l'époque, c'est un peu too much, et surtout pas super bien utilisé.

À cette lourdeur dans le passif des personnages s'ajoute le côté inutilement larmoyant qui plombe aussi pas mal le film. Franchement, le soldat qui pique le collier de la mère de Joe, c'était 100% gratuit non ? On peut aussi citer la fin bien sûr, qui se veut très émouvante, du type "Oh papa ! Je t'aime ! Dire qu'il suffisait d'un extra-terrestre et d'un câlin pour que tous nos problèmes s'envolent !" En fait, le personnage qui m'a le plus ému dans cette scène, c'est Cary, le pote de Joe qui, en plus de n'être caractérisé que par sa pyrophilie et sa dentition peu avantageuse, n'a lui aucun parent identifié à qui faire un gros câlin salvateur. Et là on met le doigt sur un défaut majeur du film : la différence de traitement entre les personnages. Il y a clairement le couple principal (avec leurs papas respectifs) et les autres, qui n'ont quasiment aucune personnalité, à part quand ça peut (un peu) servir l'intrigue liée aux deux leads.

Parmi les aspects positifs du film, notons les effets spéciaux, tout à fait convaincants. J'ai beaucoup aimé la scène de l'accident de train, vraiment impressionnante. Les effets sonores liés à l'extraterrestre m'ont eux aussi beaucoup plu. Globalement l’aspect visuel du film est vraiment pas mal (exception faite de ces fameux lens-flares). La musique était elle aussi assez sympa et efficace.
Notons également le véritable talent des deux acteurs principaux. Les jeunes Joel Courtney et Elle Fanning crèvent littéralement l'écran (et j'entends par là bien sûr, qu'ils le crèvent au sens figuré) et, écriture intelligente (quand même un peu) aidant, campent deux personnages vraiment poignants et attachants, dont la présence nous accompagne tout au long du film. C'est juste dommage d'avoir trop forcé sur le côté mélo.
Remercions tout de même le sieur Abrams pour avoir eu la décence de nous épargner le gros épilogue en mode "6 mois plus tard, tout le monde se retrouve, ensembles et heureux, lors de Thanksgiving ou d'un match de baseball".

En fait à bien y regarder, tout ce que j'ai écrit se résume très facilement : le film manque d'humour, tout simplement. Il se prend beaucoup trop au sérieux et c'est dommage, car il est quand même bourré de qualités.