Un train déraille dans une petite bourgade de l'Ohio à la fin des années 70, laissant s'échapper une créature mystérieuse. Un groupe de jeunes, tournant un court-métrage en super 8, est témoin de la scène et cherche à comprendre les phénomènes étranges qui se produisent à la suite de cet accident.
Super 8, c'est super bien. Oui mais voilà, il y a un je ne sais quoi qui fait que bien que le film soit une réussite, surtout d'un point de vue technique, il lui manque un petit quelque chose pour qu'il devienne le chef-d'œuvre du genre, le parfait hommage à une génération de film. Sans doute un brin de personnalité.
Vous me direz, c'est tout de même un comble pour un film aussi personnel que celui que nous propose J.J. Abrams, lui qui a une touche si particulière (certains diront un "lens flare" particulier, le monsieur étant connu pour user et abuser de cet effet). Lui qui a voulu également reprendre à son compte tous les codes du genre, méthodiquement, pour faire de son film un vaillant et vibrant hommage au cinéma qu'il aime, celui de son enfance. Mais l'ombre de tonton Spielberg plane sur tout le film si bien qu'Abrams est quelque peu paralysé par ces innombrables références cinématographiques (Les Goonies, Rencontre du Troisième Type, et tellement d'autres). Rien de neuf sous le soleil a priori.
Sauf que Super 8 est aussi un film de 2011, avec son lot d'effets spéciaux et de scènes d'action à s'en décrocher la rétine. Le film oscille donc entre un hommage rigoureux des films des années Spielberg et l'archétype cinématographique du summer movie à l'américaine. Le cocktail est agréable, rafraîchissant même si l'impression de déjà vu peut faire sourciller certains, à juste titre par ailleurs. Mais le goût nostalgique des années 70 pimenté d'effets pyrotechniques et visuelles des années 2010 font de ce film un OVNI, un film un peu à part. J.J. prouve qu'il est un réalisateur ingénieux et malicieux, multipliant certes les références mais aussi les bonne idées de mise en scène, notamment durant la première moitié du film. A commencer par cette séquence d'ouverture qui, sans un mot, pose clairement l'absence de la mère comme étant un traumatisme non seulement pour l'enfant mais aussi pour son père. Cette absence, matérialisée par un collier ayant appartenu à la mère du héros, donnera par ailleurs l'image la plus émouvante de Super 8 dans la dernière séquence (mais je n'en dit pas plus). Cette ultime scène est cependant vulgairement bâclée par J.J. (l'Amoroso) ; le film aurait bien mérité un épilogue.
Les jeunes acteurs choisis par Abrams pour la plupart inconnus sont d'une justesse confondante. Mention spéciale à Elle Fanning, que l'on préfèrera à sa sœur Dakota précédemment vu dans une autre production Spielberg. Pour le reste, le film avance sans grande surprise mais sans réelle déception pour autant. Aucun temps mort et des personnages suffisamment touchants pour que l'on s'intéresse à leur histoire. Quant à la créature, et bien pour ne rien vous gâcher, n'en parlons pas.
En somme, Super 8 est un film honnête qui rempli parfaitement son rôle : on ne s'attendait pas à moins, peut-être à un peu plus mais la satisfaction l'emporte largement au final. On excuse bien volontiers les quelques petits défauts que commet le réalisateur, tel un fan tout heureux de rencontrer son maître, tant le résultat final est maîtrisé globalement de bout en bout, retranscrivant à merveille l'ambiance des débuts des années 80. Un film à voir et à revoir donc, d'autant qu'on est loin de nous avoir trompé sur la marchandise.
Et comme toujours avec Abrams, restez bien jusqu'au générique de fin...
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