Rencontre d'un pauvre type... ou : comment se taper un making off de 2h, celui des 5 minutes de géné

*****ATTENTION : SI VOUS AVEZ VU NE SERAIT-CE QUE DEUX OU TROIS SPIELBERG, VOUS POUVEZ DEJA LUI REPROCHER D'AVOIR SPOILE JJ ABRAMS***

Sans attendre quoique ce soit d'autre qu'un bon divertissement (ce qu'Abrams réussit bien mieux à la télé qu'au ciné, d'ailleurs), je suis resté sur ma faim de pop-corn.

L'angle d'attaque était pourtant intéressant : une bande de gamins réalise un film en super 8 en cachette, l'un deux vient de vivre un gros drame personnel, la jeune première est une future star, et là, BOUM ! ils assistent à un truc plus qu'invraissemblable dont ils parviennent miraculeusement à survivre... Jusque là, pourquoi pas, on se laisse aller entre les clichés, les flare abusifs et les références (tellement nombreuses que Spielberg a dû choisir entre produire et attaquer au nom du droit d'auteur). Les petits sont sympathiques, le cadre est soigné (quoiqu'on sente la récurrence de plans préformatés pour la diffusion multi-format du 4/3 au 16/10è des télés actuelles...). Pas de rythme, mais pas de faux rythme non plus. Oui, jusqu'à l'accident, j'ai eu envie de voir la suite... et là... Incroyable, j'ai fait un bond dans le temps : d'un mardi soir au ciné, je suis passé au samedi après-midi dans mon canap' devant TF1, face à une de ces fictions pourries qui, si TF1 ne les diffusait pas, sortirait peut-être en VHS dans les stations autoroutières...

Du mièvre dégoulinant, des scènes ultraprévisibles, et ce qui est imprévisible ou non-répété 4 fois est de toute façon inexplicable, donc pur prétexte à faire de la bobine ou du pixel. Les références deviennent des plagiats, les clins d'oeils déjà pas subtils de lourds coup de coudes.

Le sentimentalisme larmoyant, la candeur totale, la franchise impeccable de tous, oui je dis bien de tous les personnages (même l'alien), à l'exception notable du méchant colonel qui meurt bien trop tôt et qui nous laisse sans véritable méchant à partir de la moitié du film (parce qu'on a bien compris que tout repoussant qu'il soit, l'alien est en fait une victime) rivalisent avec les incohérences dans la suite du scénario.

Quand on pense qu'il suffit d'un type avec une camionnette pour désagréger plusieurs centaines de tonnes blindées, et qu'en plus le conducteur survit au choc frontal, tout ce qu'on se dit, c'est : "waou, pas besoin d'airbag, pour ma prochaine voiture, je veux juste la même !"

Oui, il inspire vraiment beaucoup de pitié ce pauvre alien - à moins qu'il ne s'agisse du Barbe-Noire de Pirates des Caraïbes enrubanné dans de l'aluminium - dont on se demande pourquoi il attendu si longtemps avant de faire montre de la surpuissance de la scène finale... ça a l'air tellement simple d'un coup !

Enfin, incohérence suprême , comment se fait-il que le jeune pyromane-artificier ne se fasse pas - au minimum - arracher ses dents apareillées par le magnétisme final ? Le soldat se fait bien décoller du sol en ne voulant pas lâcher son fusil... ça aurait pu sauver ma soirée, ce gosse - sa tête - ou juste ses dents - servant de combustible pour un vaisseau spatial...

Bref, la seule chose qui tient la route dans ce film, c'est le film en super 8 réalisé par les gamins, habilement diffusé pendant le générique, ce qui nous évite d'être trop attentif quant aux noms de ceux qui ont commis ce longuet making off.

Ce qui aurait pu être le vrai sujet du film, et non un simple fil rouge prétexte : comment les passions pré-adolescentes permettent aux enfants de grandir et d'affronter les aléas que leurs imposent les adultes. Rien n'empêchait Abrams de transformer cette jolie chronique ado en un film spectaculaire et original. Mais non, il lui fallait un alien... Du paranormal troublant ne lui suffisait pas... dommage.

Dans le genre, "alien et incohérence assumée", j'ai hâte de voir "Cowboys et envahisseurs". Dans le genre film-hommage aux séries B, au cinéma des bas quartiers, je vous conseille "soyez-sympas, rembobinez !" au moins, on rigole...
Pigevach
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le 4 août 2011

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