On se dit la vérité, plus le film assume son ambiance Sud-ouest mieux il est, l'équipe ayant su positivement doser l'équilibre entre authenticité et caricature pour livrer une œuvre qui file droit (1h19, très bien!) sachant agréablement alterner entre humour et mélancolie, surtout quand elle n'essaye pas de se la jouer Teen Comedy US via, par exemple, un titre racoleur (la comparaison avec Supergrave peut cependant jouer en la faveur de Super bourrés grâce à des personnages plus soignés et un casting bien moins hypocrite que ceux de la plupart des prods Apatow), un quiproquo avec un jouet (déjà fait le tour via la saga American Pie) ou l'utilisation du surexploité Push it to the limit (rien que dans Ninja Turtles le même mois!)... A noter cependant que le film évite un peu mieux la carte americanisante lorsque survient la fameuse soirée qui, attention divulgâchage, ne doit guère dépasser les 10-15 minutes de temps d'écran.
Pour reste, plaisant de constater que l'équipe semble bien connaître et apprécier la région où se déroule l'action (moins d'ambiguïté ici que la ruralité dépeinte par Bruno Dumont dans P'tit Quinquin), ne serait-ce que par l'utilisation d'un scope nickel pour mettre en valeur l'environnement champêtre dans lequel évolue le duo d'ami, le grand mal assuré désireux de quitter sa campagne et la jeune du cru, fille d'agriculteur destinée à reprendre l'exploitation familiale. Des profils réalistes et pertinents, dont la complicité est traitée avec une tendresse non-exempte de grossièreté via le franc-parler de Sam, un personnage qui pourra très certainement rappeler des connaissances pour qui a déjà vécu ou grandi dans le Midi (rien que son imitation de Maïté, tu as compris).
Si Super bourrés ne pousse pas le concept jusqu'à se terminer lors d'une feria ou une fête votive et n'en fait pas des caisses sur les valeurs de l'ovalie, il propose pas mal de détails témoignant d'une volonté d'exploiter le mieux et sympathiquement possible cet univers comme par exemple la départementale aux platanes fleuris, la sonnerie de portable de Sam, l'aide de l'âne Paulette (pas juste là pour le gag), les liens de parentés entre les héros (qui, autre singularité, marchent à pied!) et les personnes contribuant directement au quotidien du village, l'inauguration d'un château d'eau ou encore la présence d'un Vincent Moscato dans un rôle sur mesure (avec une séquence chute en post-générique d'ailleurs)...
Pas le film dont le décors pourrait être facilement interchangeable avec d'autres comédies de ce style, donnant ici lieux à une petite séquence de lendemain de fête, accompagnée d'une ballade country, assez réussie (les plans au crépuscule) et poétique entamant la fin du métrage sur une image positive.
C'est bien.