Super-héros malgré lui est tout ce qu’aurait pu être Nicky Larson et le Parfum de Cupidon sans la rigueur, la maîtrise et l’intelligence de l’adaptation proposée alors. Soit un divertissement tout à la fois parcellaire et linéaire qui multiplie les saynètes comme autant de vignettes sur un storyboard qui ne parvient jamais à se convertir en film. La faute à une mise en scène absente, sérielle en ce qu’elle égraine des références à la culture contemporaine des super-héros sans les interroger ni les revisiter intelligemment ; la faute aussi à un montage qui ne sait comment faire vivre les scènes voire les (courtes) séquences ; la faute enfin au rythme, la comédie étant avant toute chose un art similaire à la balistique, alliant rigueur, précision et vélocité. En lieu et place, l’humour ne paraît guère motivé par les situations représentées, il est plaqué et cherche désespérément à choquer, quitte à cultiver le mauvais goût, la vulgarité et le racisme – non un racisme de personnage, propre à la caractérisation d’un tiers, mais un racisme global qui jaillit dans le poste de police, dans l’entrepôt qui sert de décor au blockbuster, et se mêle à une méchanceté mal venue.
Nous reprocherons donc à Super-héros malgré lui la gratuité de ses coups bas qui traduisent un empressement dans sa conception et dans sa réalisation ; aussi une trop faible écriture des personnages secondaires, à tel point que la bande à Fifi fait pâle figure et recycle encore et encore une série de postures et de tics qui peuvent nous arracher un sourire mais en aucun cas nous assurer une séance mémorable, à peine divertissante.