Le réalisateur Javier Ruiz Caldera est très populaire en Espagne. Promocion Fantasma (2012), Tres Bodas de Mas ou encore Anacleto Agente Secreto (2015) ont été d’énormes cartons au box-office local. J’avais d’ailleurs chroniqué ce dernier il y a quelques semaines et le film s’avérait être une très bonne comédie d’action adaptée d’une bande dessinée locale des années 60. C’est vrai qu’en France, son nom ne dira rien à personne, et c’est fort dommage car, en termes de divertissement, son cinéma se pose là. Il n’y a guère que Netflix, avec sa politique de proposer au grand public un cinéma mondial, qui permet aux chers spectateurs français d’apprécier son cinéma. C’est donc en toute logique que la célèbre plateforme de VOD met à disposition de ses abonnés le dernier film en date du réalisateur, Superlopez (2018), une autre adaptation d’une vieille bande dessinée très populaire en Espagne. Alors c’est moins réussi que Anacleto, mais c’est quand même bien sympathique.
Si le scénario vous dit vaguement quelque chose, c’est normal. Superlopez est, comme on aurait pu s’en douter, un pastiche de Superman à la sauce paella. Pour la petite histoire, Superlopez est une bande dessinée espagnole créée en 1973 par Juan Lopez, aussi appelé Jan. La BD raconte les aventures de Jo-Con-El de la planète Chiton qui, suite à un appui accidentel sur le bouton d’une navette, va se retrouver sur Terre. Il va être élevé par un couple à Barcelone après qu’ils l’aient trouvé dans un champ. Une fois adulte, il va se cacher sous le nom de Juan Lopez. Il travaille avec sa petite amie caractérielle Luisa Lanas, son meilleur ami Jaime Gonzalez Lidenbrock et son patron tout sobrement appelé Boss. Obligé au début de cacher ses pouvoirs pour ne pas faire peur à la population, il va petit à petit devoir les exposer au grand jour lorsque de grands vilains tels que le Galactic Gladiator, L’Incroyable Maza, Lady Spider, le gangster Al Trapone, ou encore le professeur maléfique Escariano Avieso, vont faire leur apparition. Ce ne sont pas moins de 80 aventures complètes qui ont vu le jour entre 1980 et 2019. C’est dire si c’est culte chez nos amis espagnols. C’est donc en toute logique qu’un réalisateur allait se pencher dessus à un moment ou à un autre.
Javier Ruiz Caldera, qui avait tenté l’exercice de l’adaptation de BD avec Anacleto, remet le couvert après qu’Alex de la Iglesia soit un temps évoqué. Selon le réalisateur lui-même, il s’agit ici d’une adaptation très libre dans le sens où, jamais la BD, contrairement au film, ne nous montre toute l’enfance du personnage de Juan Lopez puisqu’on l’y découvre quand il a déjà 30 ans. Tout ça dans le but de glisser bon nombre de clichés de l’Espagne ainsi qu’une critique de la société actuelle, le tout dans la joie et la bonne humeur.
Le succès du film en Espagne est au rendez-vous, devenant le 2ème plus gros succès de l’année 2018 après Campeones (Champions chez nous) de Javier Fesser. Le film gagne même un Goya, celui des meilleurs effets spéciaux, sur les trois nominations auxquelles il a eu droit. Mais soyons d’accord, nous ne sommes pas ici dans Avengers ou autre Marvel. Malgré quelques scènes d’action plutôt bien troussées visuellement parlant (on comprend le Goya si on prend en compte la production locale), on reste dans de la pure comédie où le moindre effet un peu dramatique est immédiatement désamorcé par un gag ou une ligne de dialogue bien conne. Superlopez est une comédie intelligente qui égratigne pas mal de clichés sur l’Espagne, et surtout notre société de manière générale qui a souvent tendance à privilégier la médiocrité.
Superlopez va tenter d’enchainer les situations loufoques que va engendrer la gestion des super-pouvoirs qu’on découvre lorsqu’on croit être une personne lambda avec des plaisirs lambda et une vie lambda. Seulement le film n’arrive que très ponctuellement à nous décrocher un fou-rire. Certes, ça se regarde avec plaisir, d’autant plus que le jeu d’acteur, la mise en scène, ou encore la photographie, sont de bonne facture. Mais, en plus des quelques gags qui tombent à plat ou des références qui nous manquent quand on ne vit pas en Espagne H24, on a l’impression qu’il manque ce petit « on ne sait quoi » pour en faire une comédie réellement marquante.
Adapté de la BD espagnole du même nom, Superlopez est un divertissement agréable mais pas assez réussi pour en faire une vraie bonne comédie. Néanmoins, le spectacle léger qui nous est proposé permet de passer un plutôt bon moment.
Critique originale : ICI