Ayant tourné simultanément les deux volets, Richard Donner et son équipe ont pris soin de dilater l'avènement de l'Homme d'Acier, et de laisser certains éléments mis en place au début du premier trouver leur écho dans le second. Mais, ayant jusqu'alors veillé à respecter scrupuleusement l'iconographie du Héros, ils vont le malmener, s'autoriser un peu de brutalité...
Déjà en lui en mettant plein la gueule, après avoir renoncé à ses pouvoirs par amour pour Lois. Le premier figurant venu lui met une belle dérouillée ! Mais ce n'est pas de ça que je voulais parler, non... Superman va être brusqué jusque dans ses fondements. En effet, piégé par une Lois trop maline pour lui, il se révèle à elle et imagine filer le parfait amour, si seulement il était humain... ( Là dessus, je me demande quand même ce qui lui passe par la tête, vu que Lois est amoureuse avant tout de Superman, pas de Clark, mais bon...)
Ce Dieu-du-Bien qu'il est devenu en arrive à envier les hommes au point de vouloir être comme eux. Pas seulement singer leur faiblesses, mais les adopter comme ils l'ont adopté. La parabole Christique n'a jamais été plus claire, mais en plus, il finit au lit, pour de vrai, et prête son légendaire haut à Lois pour ne pas qu'elle prenne froid dans la Forteresse de Solitude. Ce seul plan de Lois ébranle plus le mythe que tout ce qui a pu être tenté ensuite. Il ne s'agissait pas de lui retirer son slip rouge... Il fallait qu'il se serve de ce qu'il y a dedans !
Il y a quelque chose de pur dans Superman II. Après le foisonnant premier il apparait comme extrêmement simple, linéaire. Pourtant il constitue une digne suite, qui complète l'original au point d'en être indissociable. Confronté cette fois à un trio d'alter-ego maléfiques, Superman va devoir appliquer le mot d'ordre de Lex Luthor : "Mind over Muscle" pour mettre fin à leurs agissements... Il l'emporte sur eux car il a su se détacher de sa perfection Kryptonienne ( "Je ne mens jamais", genre... ) et les duper. Un travers typiquement humain a vaincu la force brutale des Dieux du Mal...
C'est ainsi qu'il en arrive à la constatation tragique : il ne peut être humain. Il peut se cacher parmi eux, mais pas se permettre d'être totalement l'un des leurs. C'est pourquoi à nouveau il remonte le temps pour annuler tout simplement le film entier ! Acceptant de plein fouet sa divinité au terme de ses mésaventures, il renonce à ce qui restait d'humain en lui. Le prix à payer étant trop fort, il sacrifie son bonheur pour veiller sur celui des autres.
Et c'est ainsi que ce clôt ce diptyque. Le Fils est devenu le Père... Et le Saint-Esprit !