Richard est le donneur de cette nouvelle version.
En 1978, Superman devait être un film en deux parties, toutes deux réalisées par Richard Donner. Mais des conflits avec ses producteurs l'ont obligé à partir alors que près de 80% du deuxième film était terminé.
C'est Richard Lester qui retournera une grande partie du deuxième film, sans Marlon Brando et Gene Hackman, lesquels ont toujours voulu tourner avec Donner.
Plus de 25 ans plus tard, et la folie de des director's cut en dvd aidant, des archivistes fous ont retrouvé la version dite Richard Donner, et ont demandé à ce dernier de terminer le film, en rajoutant des scènes coupées, des screens-tests, voire quelques scènes figurant dans le montage de Lester. A l'arrivée, il faut préciser que, selon Donner dans son commentaire audio, le résultat est fidèle à ce qu'il voulait voir en 1978.
Même si pour cela, on a du prendre des éléments avec des qualités disparates (et la musique du premier film fut entièrement reprise, éjectant ce que Ken Thorne avait fait pour Superman 2 version Lester), c'est une très grande réussite. Je n'ai plus les différences en tête, mais les plus notables sont les conditions de l'arrivée de Zod et de ses comparses sur Terre (ici, c'est dans la continuité de la fin de Superman, où ce dernier avait envoyé une fusée dans l'espace. L'explosion provoquera la rupture de la prison des Kryptoniens.). Exit la Tour Eiffel ! Le film démarre d'ailleurs par un résumé (de dix minutes !) du premier Superman jusqu'à faire la jonction avec sa suite.
Il y a des scènes très importantes, comme la recherche de la vérité de Lois Lane pour savoir si Clark Kent et Superman ne font qu'un. Ça ira d'un suicide pour provoquer l'arrivée de Superman jusqu'à une scène assez drôle (et tirée d'un screen test !) où Lois va tirer sur Clark afin de voir si il ne meurt pas et prouver que c'est Superman qu'elle a devant ses yeux.
Le changement le plus flagrant est l'apparition de Marlon Brando en tant qu'âme dans la cité de la solitude. Chez Richard Lester, c'est la mère naturelle de Clark qui apparaissait à son fils. Ici, c'est le père, ce qui semble plus logique, quand on se souvient du prologue de Superman. Il y a aussi un peu plus de scènes avec Gene Hackman.
Quant à la scène où Superman perd ses pouvoirs, elle y est encore, mais figure après la scène où ce dernier est Lois Lane sont au lit.
De ce fait, le film est un peu plus court, et, comme je le disais, la qualité des archives font que l'image n'est pas forcément toujours au top. Mais c'est inestimable de redécouvrir la vision de Richard Donner et de constater que les deux films formaient bel et bien un tout très cohérent.
De plus, n'oublions pas ces acteurs de génie, à commencer par Christopher Reeves, LE Clark Kent cinématographique, avec son côté à la fois ingénu quand il est journaliste et son côté héroïque en tant que Superman. Je pourrais parler des heures de ce all-star cast où figure aussi Ned Beatty (excellent second rôle américain), ainsi qu'une micro-apparition de ... Jean-Pierre Cassel (dans la scène à la Maison Blanche) !
L'émotion qui m'étreint en tapant ces lignes m'empêche de parler de la musique (et son générique que j'ai écouter 14 fois avant de vraiment commencer le film) de John Williams, et ça donne un exemple du bonheur dans une adaptation de super-héros au cinéma ; de l'humour, du second degré, des scènes d'actions lisibles, et une naïveté inhérente soit au genre naissant soit à l'époque.
Les exemples de films repris des décennies plus tard sont très rares ; de mémoire, je citerais Star Trek - le film, ou Blade Runner, ainsi que certains films de Claude Sautet. Il est ironique de constater que ce film, le dernier sur dans la filmographie de Richard Donner, car monté en 2006, date de 1978 et peut en démontrer à bien des films d'actions actuels.