Sur la Route n'y est justement pas assez... sur la route.
Certes les lignes blanches défilent sous les pneus de la Hudson. Certes le paysage est en mutation à travers ses fenêtres. Certes les noms de San Francisco, New York, Denver, la Louisiane, le Mexique égrènent les différentes scènes. Et pourtant Sur la Route n'y est pas assez... sur la route.
Trop pesant, trop coincé dans les intérieurs, le film de Walter Salles possède les caractéristiques du road movie mais pas le souffle. Encore moins le souffle de la prose de Kerouac. Et c'est regrettable.
Il ne trahit pourtant pas l'esprit de son auteur. Et c'est là un point à souligner tant la caricature pouvait être simple. Walter Salles tenait à présenter la beat generation dans toute sa complexité et sa profondeur et il l'a assez bien fait.
D'autant plus que le jeu d'acteur fonctionne plutôt bien ; le trio Sam Riley, Garrett Hedlund, Kristen Stewart tenant la route même si on se demande bien pourquoi le choix du réalisateur s'est porté sur Sam Riley pour jouer Kerouac tant la virilité et la vivacité d'esprit du second sont inexistants chez le premier, tandis que les personnages de second plan sont souvent convaincants (Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Tom Sturridge, Steve Buscemi). Kristen Stewart semble décidément plus à l'aise et surtout plus convaincante dans le rôle de Marylou, femme provocante mais sensible que dans celui de Bella (Twilight). Ouf. Ceux qui avaient été séduit dans Into the wild seront rassurés.
Le principal reproche qu'on puisse donc faire à cette adaptation reste son académisme strict qui ne colle pas du tout avec le modernisme du roman, qui était traversé d'une sorte de fulgurance, de frénésie, de quête existentielle permanente que le film ne fait qu'effleurer par moments.
Sur la Route aurait donc pu être un film mauvais. Il n'en est rien. Il aurait pu être un film sublime et il ne l'est pas non plus.
Que les fans de Kerouac se rassurent donc ; pas de trahison de l'artiste mais pas de phénomène de mode à venir non plus.
En ce sens, je dis merci Walter Salles pour cette adaptation qui était, il faut dire, sacrément casse-gueule.