Quand le vertige fugace de l'amour bouleverse la vie de deux êtres à jamais... Aussi bref soit-il.
Clint Eastwood s'impose grâce à ce film comme un maître du mélo romantique. Il nous précipite dans l'histoire d'une rencontre vibrante qui mêle subtilement sensualité et sincérité. Sensualité (représentée par Meryl Streep) car nous touchons là la définition même de la passion qui va se développer tout au long du film et sincérité car Meryl Streep et Clint vont se dévoiler l'un à l'autre avec une déstabilisante pureté et simplicité. Ce caractère est d'ailleurs marqué dans ce-quasi-huit clos, par le duo d'acteur à couper le souffle. Ce duo fonctionne non seulement de par leur jeu très juste mais également de par le contraste entre les deux personnages: la femme vertueuse et l'homme vagabond sans attache. Ils s'attirent donc pour se qu'ils représentent l'un pour l'autre: l'exotisme.
D'ailleurs Clint ne reprend-il pas cette histoire tiré du roman à succès par symétrie? Car nous pouvons aisément attribué à Clint le profil du personnage qu'il incarne; un photographe désabusé, hédoniste par excellence, séducteur, divorcé et individualiste... Il prône dans ce film (et surtout à travers son personnage) la liberté et l'égoïsme parfait.


Cependant, la morale du "nous avons quelque chose d'exceptionnel qui est un amour sans pareil et éternel et qui dès le premier instant marquera nos vies à jamais" est peut être un peu trop légère (pour ma part). Une telle vision pour des personnes d'environ 50 ans, est également dure à entrevoir... Et le caractère libertaire de Clint aurait très vite nourrit la lassitude de leur relation si celle-ci avait perduré.
Cette vision décrite dans le film de l'amour parfait en vient même à être un exemple transformateur pour les deux enfants de Francesca qui découvrent le testament de leur mère. Cette "transformation" est illustrée par un dialogue avec le mari ou la femme de ces derniers (et notamment la scène du fils qui rejoint sa femme avec élan).
Il semblerait que le réalisateur veuille nous dire qu'il y a toujours deux chemins possible, le sien étant la liberté, celui de Francesca étant sa vie laborieuse et dévouée de la femme mariée. D'ailleurs, la première moitié du film exprime la lutte de celle-ci contre elle-même pour résister à l'attirance grandissante pour Robert. Ces moments de conflit intérieur entre désir et raison sont incroyablement justes. Certes enivrant pour eux, mais aussi pour nous, humbles spectateurs...

LaurèneJacquerez
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le 16 déc. 2015

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