Sur les chemins noirs par uther

Je vois les critiques négatives, et là c'est assez unanime, le film est prétentieux, Dujardins est prétentieux, Tesson est prétentieux. blabla, et ça jacasse sur plusieurs pavés à dire que oui, Tesson se regarde le nombril, Dujardin ne peut plus rien jouer car on pense tout de suite à Hubert des OSS, mais sérieux quoi...C'est ça une critique ? En gros les gens se touche sur le fait que le film se touche, serpent qui se mord la queue. Ca n'apporte rien et c'est même pas un tantinet objectif.

Alors oui on va remettre les pendules à l'heure, le film est fait pour un public plutôt bourgeois. Tesson a beau barouder aux quatre coins du monde, il le fait et peut le faire car il a du pognon et qu'il est cultivé. Il vit de ses deux passions, la marche et l'écriture et l'on pourrait dire que dans son cas les deux se rejoignent. Il laissent vagabonder ses pensées sur ce qu'il voit, sent, ressent, le monde, la vie, sa vie, hier, demain, en fonction de sa condition d'homme cultivé donc forcément...

Tout ceci amène à des scènes dans le film où le texte de l'écrivain est récité à haute voix par son acteur principal. Et il est vrai que ça peut paraitre prétentieux, vite fait, car vous comprenez, on est dans un film, l'émotion peut se transmettre par l'image, mais moi j'ai plutôt aimé ces moments ou Pierre s'exprime, il le fait très peu autrement, économisant ses mots, même avec ses très proches. Le texte est plutôt joli, ça philosophe un peu...mais il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne retenir que ça ou dire que à ça éclipse tout le reste.

La nature est plus que mis en valeur et en même temps, l'effort humain, physique et psychologique qu'il faut pour la traverser. Un peu comme la récompense du randonneur, on nous offre de merveilleux panoramas sur la nature française, à la fin du long périple éprouvant, seul, ou accompagné. On ressent aussi vraiment le changement de paysage par d'habiles transitions. On n'est jamais perdu, même si certains coins sont survolés.

En terme d'ambiance sonore, la musique se fait très discrète mais sait se montrer quand il le faut.

Après et cela même si j'ai aimé le visionnage, le personnage de Pierre, sans aller dans la critique facile qui serait de dire, c'est un juste un bobo prétentieux, ou un héros invicible, je ne l'ai pas trouvé sympathique et je ne me suis pas identifié (même si je reverrais intérieurement de faire comme lui). C'est un ours, rustre, voire mal aimable, parisien de surcroît, qui n'accorde que très peu de son temps à ses proches. C'est aussi, malgré son amour pour la nature tout ça, un pure produit de son époque. Il vit en dehors de ses excursions une vie de bourgeois, bien sapé, qui fréquente les beaux hôtels, qui s'intéresse à des femmes mannequins, grandes, belles, jolis minois et du même milieu. Il picole, fume, trompe un peu donc volage, et son accident est finalement le point culminant de cette vie de débauche. Il aurait pu tomber en grimpant une montagne, mais non, il chute du balcon d'un hôtel en essayant de rejoindre un ami pour un dernier petit verre, en "hommage aux étoiles". Pathétique.

Au delà de ça, on sent que ce côté bobo est peut être une costume facile à enfiler et cela ne doit pas être désagréable de mener la belle vie entre deux ascensions de l'Everest. Le Pierre est peut être plus complexe, plus introverti, le genre de mec qui ne fait pas trois milles courbettes, assez entier, droit, simple finalement. Je me suis beaucoup intéressé au personnage tout le long, j'ai essayé de le creuser un peu, mais à part quelques scènes de larmes et de détresse, malheureusement, je dois reconnaître que son traitement reste un peu lisse. La faute à Dujardins, à Tesson ? Je ne sais, preuve que le personnage n'est pas aussi fort, parfait que ça. D'où son tour de France d'ailleurs, il cherche à devenir meilleur.

Je pense que ce film inspire plus à l'évasion, il vagabonde, comme ce choix de flashback du passé de Pierre, pas forcément dans l'ordre chronologique. Il reste tout de même cohérent avec de belles transitions et un personnage assez entier finalement.

Au sujet des autres acteurs, j'ai entendu dire qu'ils n'avaient rien à bouffer, ça c'est le ressenti du specateur lors du visionnage, il faudrait demander aux acteurs...Oui on les voit peu, leurs interventions sont toujours très brèves, comme de petites ponctuations, respirations, et on compense cela par leur diversité, une jeune vendeuse de fromage un peu éprise, un paysan vieillissant, un jeune pas trop branché littérature, un ami fidèle, une soeur ou une tante délaissée...et le souvenir d'une mère, jamais montré, souvent évoqué.

Dans tout les cas un chouette film qui nous fait prendre conscience de la beauté de la France et de sa diversité.

On pourrait dire finalement que malgré un personnage prétentieux, et encore, il faut nuancer, l'intention du film, le message ne l'est pas et il reste très accessible.