Wrongs for the deaf
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On the Waterfront est avant tout une histoire de rédemption. Celle de Terry Malloy (Marlon Brando, charismatique et massif, que je découvre enfin hors des terres de Coppola), ancien espoir de la boxe qui se pense condamné à suivre la piste de son frère Charley (Rod Steiger, tout aussi impeccable) et s’encanaille avec la mafia locale qui gère les syndicats des docks. Terry est une force brute en apparence, mais dont le travail de conscience intérieur révèle la fragilité. Il se sait victime de son environnement, et ne voit l’échappatoire qu’une fois l’impensable commis par sa faute.
"You wanna know my life philosophy? Do it to him before he does it to you!"
Voilà comment notre protagoniste voit le monde. Et pour cause, la mainmise de la pègre sur toute son existence ne lui fait voir que des ennemis. Les relations humaines ne se réduisent qu’à des transactions commerciales et affectives sans possibilité d’en tirer une quelconque croissance. Seuls les pigeons sont inoffensifs.
Conscience… That stuff can drive you nuts.
Assène-t-il à Edie, figure fluette mise en opposition à sa carrure imposante, main salvatrice tendue, offrant une alternative au cycle infernal qui se perpétue dans ces bas-fonds du New Jersey où la vie d’un homme vaut moins que le prétendu code d’honneur instillé dans l’esprit des exploité.
I was ratting on myself all them years, I didn't even know it.
Réalise-t-il, alors que le parrain Johnny Friendly fait une autre victime, et qu’il est alors en son pouvoir de stopper tout cela. Le déclic initié par Edie met le feu au poudre, alors que le Père Barry l’aiguille sur la voie à prendre, celle de l’honnêteté.
I could have been a contender.
Regrette-t-il dans un ultime dialogue formidable avec son frère. Par le rejet du dogme du silence instauré, par l’affirmation de sa conscience, par la canalisation de ses instincts primaires, Terry cesse de courber l’échine et marche vers cette rédemption qu’il a tant cherché, un sens à une vie qui en était jusqu’alors dénuée.
Et alors que Terry devient une figure christique, canalisant le courage qui faisait défaut à ses pairs, se faisant le martyr d’une équité sociale jusqu’alors illusoire, On the Waterfront s’achève. Un film personnel pour Elia Kazan, New-Yorkais proche du quotidien qu’il dépeint à Hoboken et lui-même coupable d’avoir dénoncé des collègues suspectés communistes. Le cinéaste qui s’est vu mettre des bâtons dans les roues pour mettre le projet sur pied tant le sujet, politique et subversif, froissait certains pontes de la ville. Tout concorde finalement pour en faire un classique, du jeu de ses acteurs, libres d’improviser, à sa magnifique photographie, faisant de la ville une entité tentaculaire étouffante.
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Créée
le 25 avr. 2024
Critique lue 5 fois
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