Henri Roubier,promoteur avide et sans scrupules,roule à toute allure sur la corniche méditerranéenne,du côté de Cassis,avec à son bord deux personnes qui s'y sont imposées.Il rate un virage et le véhicule plonge dans le vide mais atterrit miraculeusement sur un pin parasol ayant poussé à flanc de falaise.Une longue attente commence pour les trois personnages coincés là,qui ne peuvent ni monter ni descendre ni communiquer leur position alors qu'ils sont invisibles depuis la route.Voilà une histoire qui relève de la catégorie des fausses bonnes idées.Effectivement c'est très original,totalement inattendu,et ça crée des images et un environnement inédits et franchement spectaculaires.Malheureusement,une fois que les personnages sont bloqués dans cet arbre,ce qui arrive très rapidement dans le film,il ne se passe quasiment plus rien car ce brillant dispositif a un potentiel de développement extrêmement limité.Le réalisateur Serge Korber,qui avait dirigé Louis de Funès l'année précédente dans "L'homme-orchestre",n'est pas un aigle et se reconvertira d'ailleurs à partir de 75 dans le porno sous le pseudonyme de John Thomas.Il peine à insuffler du rythme et de l'intérêt à cette situation statique et étire interminablement chaque scène pour atteindre le métrage nécessaire.Le scénario de Pierre Roustang tente désespérément d'introduire des micro évènements à l'intérieur de ce récit étriqué sans parvenir à le rendre moins barbant,tandis que les dialogues de Jean Halain,fils d'André Hunebelle et collaborateur régulier de Fufu,sont d'une dramatique faiblesse alors que c'est le seul poste qui aurait pu sauver l'entreprise de la cata absolue.C'est produit par Raymond Danon,le père de Géraldine,qui a octroyé des moyens importants permettant à l'oeuvre d'au moins faire bonne figure sur le plan visuel.Un faux pin a été implanté à flanc de paroi des falaises de Cassis et une voiture posée dessus,avec à l'intérieur des cascadeurs pour les plans éloignés,les vues rapprochées sur les acteurs étant tournées en studio sans qu'on perçoive le stratagème.Cet aspect visuel est réellement impressionnant et la photo colorée d'Edmond Séchan,qui magnifie les superbes paysages provençaux,accentue la qualité esthétique du film.Quant à la musique stridente d'Alain Goraguer,elle est particulièrement pénible.Le tout début du film est sympa,avec la présentation du caractère ignoble de Roubier,et la dernière partie est judicieuse,montrant de façon cynique l'arrivée des médias charognards et l'ignominie des badauds qui accourent par cars entiers pour se repaître du spectacle en espérant plus ou moins que les naufragés entre ciel et terre vont se crasher dans l'abîme.Le corps du film,hélas,traînasse lamentablement au gré des pauvres rebondissements secouant parfois l'apathie du trio.Il est de surcroît impossible de croire que la bagnole ait pu se retrouver là car,lancée à toute allure,elle aurait dû dépasser de loin l'arbre collé à la paroi et se retrouver direct dans la mer,et il est encore moins probable qu'elle tombe dans le bon sens,sur ses roues,et sans plus de dégâts humains ou matériels.Ceci dit,il y a deux ou trois trucs marrants,comme les gags avec l'eau du liquide lave-glace.Même De Funès,handicapé par le dispositif et la nullité des situations et des dialogues,ne parvient pas à sauver les meubles et surjoue stérilement.Il n'est pas aidé par ses comparses,la très sexy Géraldine Chaplin,fille de Charlie,qui est à côté de la plaque et,pire encore,ce tocard intégral qu'est Olivier De Funès.Mais là la star ne peut s'en prendre qu'à elle-même,Louis ayant imposé son fils à la production comme il l'a trop souvent fait.D'ailleurs ce pauvre garçon n'a participé qu'à des films dont papa était la vedette avant de se reconvertir en pilote de ligne,un métier pour lequel il était plus doué,du moins faut-il le souhaiter.Il y a plein de bons seconds rôles mais on les voit très peu vu que l'essentiel de l'histoire se déroule sur l'arbre.On est quand même content de voir Alice Sapritch,l'épouse moche de Roubier,Roland Armontel en curé bourré,Hans Meyer en militaire cocu et pas content,Paul Préboist en reporter chaud-bouillant,et aussi Fernand Berset ou Pascal Mazzotti.Surgissent même Fernand Sardou,père de Michel, et Jean Panisse,qui furent autrefois partenaires chez Pagnol,dans "Manon des Sources" et "Le curé de Cucugnan".