Etrange destin que celui d'Exposed : conçu comme un drame aussi tendancieux qu'ambitieux par l'illustre inconnu Gee Malik Linton puis finalement retravaillé moins en profondeur qu'en surface par les producteurs de Lionsgates le métrage se voit en fin de compte complètement chamboulé, à tel point que l'auteur refuse à juste titre que son nom soit crédité au générique. En résulte le nom d'un curieux réalisateur, le non moins illustre et inconnu Declan Dale, qui n'est autre que Gee Malik Linton alias Alan Smithee, autrement dit un réalisateur pertinemment insatisfait du massacre opéré par la production, et qui préfère s'effacer derrière un pseudonyme.
Il reste en effet assez facile de comprendre cette désolidarisation au regard du résultat final : gros film-bâtard construit autour de deux intrigues à priori sans rapports directs Exposed constitue surtout l'effet d'un gigantesque gâchis. Pendant plus d'une heure le film semble ne mener nulle part, se contentant de piétiner sur lui-même sans trajectoire cohérente ni enjeux véritables, faisant la part belle à un Keanu Reeves et une enquête policière sans grands intérêts au détriment de la seconde intrigue, au potentiel clairement supérieur. On suit Exposed sans réellement comprendre toutes les informations qui nous sont platement et maladroitement balancées, avec une utilisation du montage parallèle grossièrement démonstrative, qui désamorce totalement la volonté de faire un suspense intrigant et habilement articulé. Le film est bancal dans sa structure, pas vraiment ennuyeux mais raté à bien des égards...
Etonnamment l'intérêt remonte pas mal lors d'un dénouement qui - à défaut d'être véritablement original - parvient à mettre en lumière les intentions premières du réalisateur et frappe de façon surprenante lorsque l'on considère à posteriori la symbolique énigmatique du premier quart d'heure... C'est là que la sensation de gâchis se fait furieusement sentir, et que l'on se met à rêver du superbe film qu'Exposed aurait pu être. Au final perdure l'impression d'un ratage pour le moins frustrant, loin d'être nul mais tout de même forcément décevant.