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Les couleurs de la peur, et le chant de la mort

Première rencontre avec Dario Argento, réalisateur emblématique du cinéma d’horreur italien des années 1970 et, notamment, du Giallo, sous-genre apparenté au thriller, qui connut son apogée dans les années 1960 à 1980. Suspiria est un des films les plus cotés du réalisateur, et également le premier qu’il a réalisé après sa période Giallo, s’affranchissant alors des codes et des règles de ce dernier.


Le réalisateur ne tarde pas à installer l’ambiance très particulière et oppressante du film. Dès les premiers instants, le thème du film se fait entendre, tourne en boucle… L’héroïne, fraîchement arrivée d’un long périple en avion, vit des premiers contacts difficiles avec l’étranger, étant ignorée par les taxis de l’aéroport, puis sommée de partir quand elle arrive à l’académie. Rapidement, des éléments inexplicables et étranges interviennent, et Argento ne souhaite pas laisser le temps au spectateur de s’échauffer, préférant le cueillir à froid et le saisir immédiatement dans cette atmosphère anxiogène et inquiétante.


C’est surtout avec des éléments visuels et sonores que le réalisateur développe l’ambiance si particulière de Suspiria. Les couleurs sont toujours très saturées, et généralement, les teintes sont chaudes, avec une abondance de rouge qui, naturellement, fait penser au sang. L’utilisation des couleurs est centrale dans le film de Dario Argento. Le rose bonbon du château de l’académie est chaleureux, presque enveloppant, mais la surabondance de la couleur, avec des tons très criards, crée vite une sensation de malaise. De manière conjointe à ces éléments visuels, le réalisateur appose une bande sonore composée de musique synthétique, au rythme très rapide et oppressant, accompagnée de murmures incessants qui, naturellement, nourrissent l’aspect horrifique du film.


Pendant une heure et demie, le spectateur est sans relâche agressé par cette saturation, cette musique, la violence et la peur. Scènes macabres, jeux d’ombres, vieux maléfices, danger intangible à l’origine inconnue, Suspiria relève surtout de l’expérientiel. Ce qui se déroule dans le film, le spectateur le vit, il est happé par ce tourbillon d’épouvante dont il n’attend que le dénouement et la délivrance finale qu’il imagine et qu’il espère inéluctable. Enfermé dans ce grand château, il peine à trouver une échappatoire, et quand bien même il en est extrait, les murmures insupportables viennent lui rappeler que le danger est omniprésent, et irrésistible. D’aucuns y verraient un film vieilli, mais Suspiria demeure un classique du cinéma d’horreur.

JKDZ29
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le 15 avr. 2017

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