Harper's bazar
Je ne sais plus du tout pourquoi ce sagouin de Pruneau a réussi à me refiler ce film la dernière fois que je suis passé chez lui, mais bon, du coup, j'étais tombé sur deux trois images assez...
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le 3 août 2012
105 j'aime
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Dario Argento a décidé de frapper fort pour ce film d'épouvante. Pour ce qui est de la couleur, de la bande-son, de l'ambiance le cahier des charges tient en un mot: Baroque.
Faire un film avec des couleurs de décors extrêmes et un cadrage au cordeau: la façade écarlate de l'Académie de danse Desiderius Erasmus sous un orage dantesque, le corridor avec ses colonnes noires et ses tentures d'un rouge cinabre, le bureau de la directrice tapissé de velours bleu cobalt, le bleu électrique de la piscine dans l'obscurité filmée en vue plongeante, le jaune du corridor labyrinthique de la rue Escher et ses symboles kabbalistiques sous un montage accéléré. Mais on voit surtout et partout du rouge.
Commander au groupe de rock progressif italien Goblin une musique immodérée: les notes aigrelettes d'un clavecin en prélude à des râles, à des plaintes, des soupirs anxiogènes alors que le tempo va crescendo.Puis la musique s'arrête et alors là...Coup de couteau dans la bande au montage. La musique serait à elle seule suffisante d'ailleurs pour vous plonger dans l'angoisse.
Je tiens à noter en passant que le film n'est pas seulement esthétique. Pour ceux-celles qui sont trop sensibles il faut s'arrêter au moment où la jeune femme s'approche la nuit de la fenêtre refermée qui venait de s'ouvrir en grand toute seule. Car au moment où elle essaie de voir avec une lampe ce qu'il y a derrière la vitre... Bref ensuite il y a un déchaînement de sauvagerie extrême , avec à ma connaissance la première fois où l'on voit en gros plan un cœur se faire pénétrer par une lame.
Le film n'est pas vraiment gore pour autant; cette scène n'est que l'une des trois scènes de jump scare proposées. Une autre scène bien flippante est celle du meurtre du pianiste aveugle, seul avec son chien au milieu d'une place dans un décor digne de Chirico. N'ayant pas lu le résumé je me demandais bien d'où le danger pouvait venir. Heureusement que la couleur du sang employée est de couleur vermeil et pas de couleur naturelle, précaution nécessaire à l'époque.
Pour l'intrigue comme souvent chez Dario Argento il y a une énigme à découvrir: ce sont les mots de la jeune femme qui s'enfuit dans les bois au début, mots couverts par le bruit de l'orage. On distingue mal à la fin ..."Iris bleu". De même dans sa chambre Suzy compte et recompte le nombre de pas du personnel et leur direction. Intrigue légère pour atmosphère lourde. Les clés de l'énigme seront données à la fin.
La fin qui réussit l'exploit d'être au même niveau que le début , tant sur le plan du décor (comme l'oiseau au plumage de cristal se détachant dans l'obscurité) que sur celui de l'épouvante (le film bascule vers du fantastique à l'Exorciste).On finit par comprendre aussi le sens du titre :Mater suspiriarum (la mère des Soupirs), qui fait partie de la trilogie des Mater avec Mater Lachrimarum et Mater Tenebrarum. Il s'agit d'une trilogie sur trois sorcières. L'emploi du latin renforce le côté baroque-fantastique.
Helena Marcos, la Mère des Soupirs, morte depuis près d'un siècle, réapparaît. Et elle est vraiment terrifiante.
Le scénario, écrit par Dario Argento et son ex-compagne Daria Nicolodi est inspiré par un fait réel que racontait la grand-mère de Daria Nicolodi: une école de danse cachait en fait une école de magie noire. Il n'est qu'un prétexte à l'intention première d'explorer les terreurs enfantines (les danseuses auraient dû avoir dix ans dans le script initial). Explorer nos terreurs enfantines pour nous faire découvrir l'enfer au fond des rétines.
[Interdit aux moins de 16 ans]
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Créée
le 9 sept. 2016
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3 commentaires
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