Makoto Shinkai revient après quatre années d’absence afin de nous présenter son nouveau long-métrage, Suzume. La bande-annonce était alléchante et il est difficile de dire non à un Makoto Shinkai alors que celui-ci nous offre toujours des décors sublimes et une animation soignée aux petits oignons. Cette fois, nous suivons Suzume qui rencontre un homme et le suit aux quatre coins afin de sceller des portes. Est-ce que ce nouveau long-métrage d’animation vaut la peine d’être vu au cinéma ? Honnêtement oui. Ce long-métrage est magnifique sur énormément de points et, malgré quelques détails dérangeants, c’est un nouveau classique très réussi que Makoto Shinkai et son équipe nous ont offert.
Suzume (Nanoka Hara) est une lycéenne qui a suivi un inconnu lui ayant demandé son chemin et qui a ouvert une porte et réveiller un mal dont elle ignorait l’existence. Elle va se retrouver mêlée à ça sans le vouloir et va faire de son mieux pour aider Sota dans sa quête pour fermer les portes. C’est une protagoniste très attachante et intéressante. A la fois, à cause de son passé qui nous donne envie d’en savoir plus à ce sujet mais aussi par rapport à son développement au fur et à mesure qu’on apprend à la connaître et qu’on y voit sa bonne volonté.
Sota (Hokuto Matsumaura) est un verrouilleur en quête des différentes portes à fermer pour éviter qu’un terrible mal puisse s’échapper de celles-cis. Il faut admettre qu’il est assez sympathique comme personnage. En dehors d’être un beau gosse, c’est aussi un garçon avec énormément de volonté et on sent que cette quête lui tient réellement à cœur.
Daijin (Ann Yamane) est un petit chat qui a pris vie à la place de la clé en forme de pierre que Suzume a retiré. Il passe son temps à courir afin que Suzume et Sota le rattrapent afin d’en savoir plus sur ce qu’il est réellement. En dehors d’un petit malin, c’est un personnage envers qui on finit par s’attacher au bout d’un moment. Mais il est assez intriguant parce qu’on ignore ce qu’il veut réellement.
Tamaki (Eri Fukatsu) est la tante de Suzume et elle est très protectrice envers elle depuis un certain évènement. Aujourd’hui, elle préfère prendre soin de Suzume, quitte à être toujours là pour elle, au lieu de se concentrer sur sa vie personnelle, ce qui peut se comprendre. Elle prend soin de sa nièce en faisant de son mieux malgré qu’elle ne soit pas une pro dans le domaine des enfants. Mais bon, c’est un personnage qu’on comprend en se mettant à sa place.
Le long-métrage démarre par une petite fille recherchant sa maman avant qu’elle ne tombe sur une personne dont on ignore l’identité et qu’on revienne sur la Suzume du présent qui va à l’école avant d’avoir ce petit incident avec la porte. C’est une introduction intéressante qui nous donne envie d’en savoir plus sur ce qu’est cette chose sortie de la porte, qui est cet homme qu’elle suivait et ce que pourrait receler les autres portes.
Alors que Suzune se rendit à l’école, elle tombe sur un inconnu qui lui demande de trouver des ruines et décide de le suivre. Elle y trouve une porte qu’elle décide d’ouvrir en relâchant une drôle de créature qu’elle va tenter de fermer. Mais cette porte est-elle la seule qui a quelque chose à craindre ? Une histoire intéressante à suivre pour notre protagoniste.
Les évolutions de Suzune et Sota sont intéressantes, l’un semble devenir de plus en plus adulte en apprenant à se débrouiller seule (y compris avec le travail et les services) et l’autre semble avoir trouver une raison de vivre. Dans les deux cas, ça apporte une évolution intéressante à nos deux personnages.
Les OST sont somptueuses ! Quel que soit la musique qu’on y entend, ce sont des superbes musiques qui racontent très bien ce qui se passe à l’image. Mention spéciale pour le thème musical lorsque le ver est relâché dans la ville, c’est la meilleure musique de tout le long-métrage, et de loin.
Les règles instaurées par ce long-métrage fonctionnent assez bien. Par rapport à la manière dont les portes peuvent s’ouvrir et les conséquences de certains actes, on peut dire que les règles présentes ici sont assez bien gérées pour rendre l’expérience plus cohérente et convaincante.
La relation amoureuse qui se développe entre Suzune et Sota est assez intéressante. Entre Suzune qui semble avoir son premier amour dont elle devient de plus en plus amoureuse et Sota qui trouve une raison plus importante de vivre, c’est réellement une belle relation à suivre.
Les tenues sont un détail mais ils définissent assez bien les personnages en fonction de leur style. Entre la lycéenne un peu lambda qu’est Suzune, le mystérieux Sota et la femme qui pense plus à sa filleule qu’à prendre soin d’elle, on peut voir que leurs tenues les définissent bien.
Parfois, on voit des références venant d’autres long-métrages. Il suffit de voir Suzune et son style qui rappellent fortement Mitsuha de Your Name par exemple. De plus, les références ne sont pas forcées et ne nous obligent pas à les reconnaître pendant le visionnage.
En terme de symbolisme, il y a pas mal de moments intéressants comme ce que représente cette porte pour Suzume, Sota pour elle ou encore son voyage qui va la faire devenir de plus en plus adulte. Bref, on peut dire que le symbolisme est réellement efficace.
Malgré quelques petits éléments prévisibles, la majorité des évènements de ce long-métrage étaient assez inattendus lors du premier visionnage. Et c’est une bonne chose de se faire surprendre assez souvent par ce qui se passe dans ce long-métrage.
En dehors de quelques petits éléments 3D dont on reparlera plus tard dans cette critique, l’animation est d’une magnifique qualité. Quelle que soit le plan qu’on y voit, on a le droit a une animation très soignée et fluide pour les personnages.
La fin est belle, c’est une fin qui fait réellement plaisir à voir après tout ce que Suzune a traversé, surtout que certaines épreuves étaient beaucoup plus difficiles qu’on pourrait le croire. Donc oui, c’est une belle fin que notre protagoniste a mérité.
La mise en scène est toujours aussi bien maîtrisée. Quelle que soit la scène qu’on suit, Makoto Shinkai arrive à nous offrir une mise en scène sublime pour bien nous faire comprendre ce qui se passe sans nous prendre pour des imbéciles.
L’humour n’est pas fréquent mais il est présent et il marche. On a quelques situations qui se veulent drôles et dans lesquelles on rit de bon coeur. Ce n’est pas un humour grandiose mais c’est un humour qui marche bien.
Les décors sont sublimes. Même si ils font un petit peu moins tableaux que les précédents long-métrages de Makoto Shinkai, ça reste des décors soignés qui valent la peine de les admirer pendant un long moment.
La tension arrive à être efficace. En effet, quand on voit un ver se libérer, on arrive à stresser et à avoir peur pour notre protagoniste et toutes les personnes qui pourraient être victimes du ver.
Le doublage VO est très bien géré. On a des voix qui collent bien aux personnages, ainsi que des personnes qui s’investissent véritablement dans leur doublage, ça s’entend très bien.
Des fois, on a l’impression que certaines scènes s’étirent un petit peu trop sur ce qui se passe. Attention, la majorité des scènes sont utiles et nous font nous attacher aux personnages (même secondaires) mais c’est juste que certaines d’entre elles donnent l’impression de durer un petit peu trop longtemps à certains moments.
L’apparition du chat noir, Sadajin, n’était pas nécessaire. Contrairement à Daijin, il n’a pas de réel intérêt narratif à être là. Et même si il a une petite action à jouer à un moment, c’est un des seuls personnages dispensables de ce long-métrage.
L’émotion est bonne mais, étrangement, elle ne fait pas autant d’effet que de précédents long-métrages de Makoto Shinkai. Ca reste une belle émotion assez bien soignée mais on pouvait s’attendre à un petit peu mieux vu la filmographie.
L’animation a beau être magnifique dans son ensemble, cela n’empêche pas d’avoir quelques éléments 3D un peu dérangeants dans l’image. Rien de visuellement hideux mais tout de même un peu perturbant sur l’image.
La relation entre Suzume et Sota se voit un petit peu venir de loin. Certains éléments de la relation ne se voyaient pas venir mais la relation en elle-même se sentait venir dès leur première rencontre.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Ce qu’on voit derrière la porte est l’autre monde où les âmes des morts reposent et où Suzume ne peut pas se rendre car, seule la première porte qu’elle a franchi lui permet d’y aller, et cette porte se trouve près de son ancienne maison. Donc cette porte est assez proche de l’enfer vu que c’est là que le ver le plus puissant est enfermé. Dommage que plus Sota ferme les yeux chaque jour et plus il perd le contrôle au point de devenir la nouvelle clé qui doit sceller le ver. C’est d’autant plus triste quand on apprend qu’il passait un concours pour devenir professeur et l’a raté à cause de sa transformation en chaise.
La plus grosse révélation de ce long-métrage, c’est de voir la Suzune du présent qui motive la Suzune du passé alors que celle-ci cherche sa mère, c’est d’autant plus beau quand on voit que c’est elle qui s’est donné la chaise pour continuer de croire en elle. Cette scène est probablement la plus belle de tout le long-métrage.
Heureusement que ce long-métrage ne se veut pas réaliste car il est peu probable que des personnes auraient aidé Suzune à ce point sans savoir qui elle est réellement. Mais bon, ce n’est pas la réalité donc ils peuvent se permettre ce genre de libertés, surtout vu le chemin qu’elle doit parcourir.
Au final, Makoto Shinkai nous a servi un très bon film d’animation à aller découvrir dans les salles de cinéma si cela vous est possible. Même si il est fort probable que Your Name reste votre préféré, vous passerez tout de même un très bon moment en allant découvrir Suzume. On a une belle mise en scène, une animation sublime, des décors de bonne qualité, des personnages principaux très attachants, des évolutions sympathiques et des musiques de toute beauté. Après, il est vrai que la relation amoureuse est un petit peu prévisible, que l’animation a des éléments 3D dispensables et que l’émotion aurait pu être un petit peu plus poussée. Cependant, malgré ses quelques défauts mineurs, c’est réellement un long-métrage qui vaut le coup d’aller le voir au cinéma. Personnellement, j’attendais beaucoup Suzume et je ne savais pas quoi à quoi m’attendre mais je suis très heureux d’avoir pu le découvrir au cinéma.