Les ingrédients y étaient : des plans et une colorimétrie ravissants, un antagoniste à poils courts beaucoup trop mignon, un message touchant sur la résilience nippone face aux catastrophes naturelles qui la frappent sans la détruire, et un concept épique.
Malheureusement, après les deux premières répétitions, le concept en question devient franchement lourd (repérer le ver, pédaler jusqu'à lui, crier que X est devenu la porte, galérer, proférer l'incantation d'une voix stridente, retour au calme). On dirait un anime des années 90 qui aurait oublié sa bande-son (ici, sauf à de rares moments, elle est inexistante).
De même, le paysage social que Shinkai ambitionne de dépeindre sonne tristement creux : loin de Miyasaki, Takahata ou Satoshi Kon, les personnages sont monodimensionnels dans leur mièvrerie, et semblent avoir été imaginés par quelqu'un qui n'est jamais sorti de chez lui. Résultat, le film apparaît moins candide que simplement superficiel. Ce côté fanfiction a, pour moi, complètement plombé l'oeuvre.
Et c'est dommage, car on sentait une volonté de parodie assez rafraîchissante (le bellâtre qui se transforme en chaise à trois pieds, ça reste hilarant tout le long du film). Mais les incohérences, les facilités et les débordements émotionnels gratuits ont eu raison de mon émerveillement face à ces jolies images.