"Swagger", c'est le portrait de 11 gamins issus des cités les plus défavorisées de France et portés par leurs espérances et leur interprétation du monde. C'est surtout un temps de parole indispensable donné à des enfants victimes des clichés et trop souvent confondus avec la violence inhérente à leur milieu de vie. Olivier Babinet, le metteur en scène de cet hybride de cinéma et de documentaire, a passé beaucoup de temps auprès de ces jeunes et a appris à les connaître et surtout à les comprendre avant de se lancer dans la réalisation de ce film. On sent une telle franchise et un tel intérêt dans la façon de filmer de Babinet qu'on se laisse émouvoir et prendre au jeu de ces mini-interviews entrecoupés de purs moments de cinéma où sont mis en scène les rêves de ces gamins pleins de ressources. Alors oui, certains passages souffrent de quelques longueurs mais c'est pour mieux laisser le champ libre aux vrais héros de cette histoire, dans leurs préjugés comme dans leur largeur d'esprit. Mais ce qui surprend vraiment, c'est cette ambiance distillée par le réalisateur qui, sans mettre de côté la délinquance et le grand banditisme qui gangrènent ces quartiers, parvient à rendre agréable et attractif le milieu dans lequel évolue les personnages. En intégrant, à ces séquences dans la cité, des scènes surréalistes, matérialisation des réflexions de certains gamins, le tout prend une forme mystérieuse et surréaliste qui charme l'oeil et nous invite à dépasser nos propres préjugés véhiculés par les grands médias de ce monde. En plus de ça, c'est très drôle (le monologue sur Mickey est juste hilarant), parfois triste aussi mais surtout plein d'espoir et de vitalité. Une oeuvre nécessaire qui réhabilite tout un pan de notre société que l'on a finit par délaissé par peur, par haine, par bêtise.