Pica… chu(t)
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Je suis heureuse.
Je ne viens de nulle part et je vendais des produits cosmétiques avant de le rencontrer. Il m'a dit qu'il m'aimait, avec un sourire de bellâtre et des bijoux d'or tressés. Il m'a dit que ce serait pour la vie, avant qu'il me présente à ses parents. Les parents d'un bon parti. Eux aussi m'ont souri, avant de retourner à leurs réceptions et à leurs restaurants hors de prix où ils me tolèrent juste ce qu'il faut.
Ils sont gentils avec moi, ses parents. Et m'entourent de tous leurs égards depuis que je suis enceinte de leur fils. Ils nous ont acheté notre nid d'amour aux allures post-modernes, alors que moi, je vis dans une bulle comme hors du temps. Comme si les années cinquante n'avaient jamais pris fin.
J'erre dans cette maison sans but. J'arrange les coussins, je tire les rideaux juste ce qu'il faut, comme si notre intérieur devait passer dans une revue de décoration. Une composition parfaite, alors qu'en dessous, il y a la poussière et mon vide. Et mon vertige. Je m'habille et je me soigne comme une poupée. Et je ne m'anime que quand mon compagnon rentre à la maison après une journée d'un travail qui le dévore.
Je suis heureuse.
Je pense l'être.
Et je vis dans une cage. Ils sont tous toujours là, avec leurs conseils, leurs inquiétudes et leur argent qui, dans leur esprit étriqué et égoïste, est en mesure de tout régler. Même ce qui se passe dans ma tête.
Car cela vacille et se casse là dedans. Avec la vie qui se développe dans mon ventre. Ma cage m'oppresse, comme le décor dans lequel je vis, comme ceux qui restent avec moi pour me surveiller. Mais j'arrive à leur échapper. Ils ne m'empêcheront pas d'exercer le seul contrôle qu'il me reste. Exercé dans une étrange fascination aux accents de David Cronenberg. Ce que j'avale est de plus en plus improbable, de plus en plus douloureux et libérateur à la fois.
L'étrangeté devient déstabilisation, inconfort, horreur. Plus rien n'est rassurant. Et quand la caméra se pose sur un objet a priori anodin, l'attente du fait que je le prenne dans mes mains devient suspense.
Ma vie est noire et enchainée. Enigmatique. Le mal est en moi. Plus profond que Swallow ne le laisse paraître dans une première partie millimétrée et chaloupée. Les raisons qui seront données à mon ma-être pourra dissiper le mystère de ce qui aurait pu être un film de genre d'une puissance peu commune. Il sera finalement un portrait. Une émancipation. Une réconciliation. Un début de paix retrouvée.
Behind_La folie vient en mangeant_the_Mask.
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Créée
le 24 févr. 2020
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