La vie est faite pour les vivants

Tirée d'une comédie musicale écrite en 1979 par Stephen Sondheim, cette histoire de tueur en série a surtout l'énorme particularité d'être complètement décalée par rapport au registre classique, habituellement plus enjoué. "Sweeney Todd", c'est finalement une sorte de "Jack l'Éventreur", mais en plus noir.

Rien que le générique est typique d'une introduction Burtonienne. À l'instar de "Charlie et la chocolaterie", nous suivons une fabrication, mais cette fois-ci, il nous est plutôt offert de suivre les futurs secrets de la fameuse cuisine de Miss Lovett. Ensuite, nous sommes entraînés dans un Londres de la bonne vieille époque. Quant à ceux qui s'imaginent un film avec du gore réaliste, il faut savoir qu'au contraire Burton joue sur la démesure sanglante, mais jamais réaliste, plutôt artistique, avec un sang rouge vif rappelant celui du cinéma italien. Un sang donc en total contraste avec le reste qui baigne dans des tons plus froids.

Comme dans tous ses films et malgré la cruauté que déploient Sweeney Todd et Nellie Lovett, Tim Burton fait de ses monstres des victimes engendrés par la société. Seule différence, c'est qu'à l'opposé de son "Edward aux mains d'argent", Sweeney Todd est un être transformé qui crie vengeance et qui utilise son savoir-faire en matière de lames d'une manière beaucoup moins pacifique.

Il me paraît presque inutile d'évoquer le casting dans la mesure où Tim Burton a appris à mettre à profit ses acteurs à la perfection. Johnny Depp et Helena Bonham Carter restent donc impeccables, mais je n'en attendais pas moins. Celui qui arrive toujours à me surprendre et pourtant depuis le temps je devrais être habitué, c'est le personnage d'Alan Rickman si divin dans les tréfonds de la médiocrité humaine. Une fois encore Rickman se sublime dans la prestation de celui que l'on aime détester et même si tous les acteurs font merveille c'est lui que l'on retient le plus.

Tim Burton trouve ici une bien belle oeuvre lui permettant de combiner tragédie folle et amour prêt-à-tout dans un somptueux opéra gothique respirant le sang et la fureur