Un film guérilla et une œuvre avant-gardiste, qui signe les prémices de la Blaxploitation.

"Sweet Sweetback" est un gigolo qui travaille dans un bordel. Un soir, il assiste à l’agression injustifiée d’un jeune militant noir par les forces de l’ordre et va prendre sa défense en s’en prenant aux policiers. Dès lors, il sera l’homme que toutes les polices recherchent…


Film culte de la culture afro-américaine, ce dernier révolutionnera la représentation des Noirs au cinéma et surtout, il sera les prémices de ce que l’on appellera la « Blaxploitation ». Il s’agit là de son second long-métrage, mais le tout premier film américain (après La Permission (1968) réalisée en France). Ce film surprend par sa violence prédominante, dénonçant la corruption et le racisme de la police à travers la révolte des noirs face au « white power ». Comme le dit lui-même Melvin Van Peebles, les ghettos noirs se résument à : "courir, se battre et baiser", ainsi durant près d’une heure trente, le cinéaste en herbe enchaîne des plans plus ou moins déstabilisants où les scènes de sexe explicites s’enchaînent à un rythme effréné tout en alternant avec des scènes de violences (lynchages envers les noirs ou envers les flics blanc).


Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971) est une œuvre avant-gardiste de par sa mise en scène et son esthétisme (plans en surimpression, sauts dans la narration, approche expérimentale, faux raccords et distorsions sonores). Un tournage guérilla (Melvin Van Peebles cumule les casquettes, il est réalisateur, scénariste, producteur, acteur principal, monteur et compositeur), filmé en 19 jours avec un budget dérisoire (150 000 $), le film était bien parti pour ne jamais rencontrer son public et pour cause, il écopa d’une classification "X" par la motion de censure. Mais contre toute attente, le film fit un carton au box-office, le bouche à oreille était tel qu’il rapportera finalement jusqu’à 100 fois sa mise de départ, à savoir 15 millions ! Un film surprenant et dérangeant, qui a réellement mis à mal la conscience américaine lors de sa sortie.


Pour parfaire vos connaissances sur le sujet, je vous recommande le passionnant documentaire de Martine Delumeau & Catherine Bernstein : Naissance d'un héros noir au cinéma : Sweet Sweetback (2022).


(critique rédigée en 2012, réactualisée en 2023)


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

Créée

le 22 juil. 2012

Modifiée

le 22 juil. 2012

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