Le titre d'un film peut-il suffire à nous convaincre de le visionnier. Avec "Sweet Sweetback's Baadasssss Song", je serai tenter de répondre oui, puisque c'est une des raisons qui m'a pousser à choper le film (avec en plus, une sorte de plaisir masochiste à me mater de temps en temps un classique de la blaxploitation). En commençant ce film, je ne connaissais ni l'histoire, ni Melvin Van Peebles, ni son contexte de fabrication.
Inutile de dire, que j'ai été assez décontenancé en découvrant la scène de sexe en plan large entre une femme de 30 ans et un gamin de 12 ans, qui sert de générique au film. Passé cette surprise, le film commence et le scénario se révèle péniblement. On est dans les codes de la Blaxploitation, sauf que ca semble encore plus mauvais que d'habitude. Quand on en a vu quelques uns, on est tolérants face aux imperfections touchantes d'un film à petits budget. Les acteurs approximatifs, les facilités de scénario ou les cadrages imparfaits. Ca fait parti du folklore. Sauf que là il n'y a rien qui va, à commencer par le montage rendant n'importe quel action complètement illisible. Melvin Van Peebles qui tient le rôle principal, n'a aucun charisme, c'est mal filmé, certaines scènes valent à peine mieux que les parties scénario d'un film porno et paradoxalement, les quelques scènes de sexe du film se révèlent incroyablement molles. Même la musique, généralement l'unique aspect objectivement qualitatif dans une film de blaxploitation est ici décevante. Pourtant signé Earth wind and fire, le thème principal et son horrible solo de saxophone dissonant devient rapidement pénible. Pire ! Melvin Van Peebles a visiblement jugé nécessaire de juxtaposer de temps en temps deux morceaux de musique complètement différents sur une même scène (!?). Bref, Sweet Sweetback's Baadasssss Song est un film objectivement mauvais sur tous les points.
MAIS ! Si Melvin Van Peebles s'est révélé mauvais sur les postes qu'il occupait (acteur, réalisateur, monteur), je dois reconnaitre que ce dernier a au moins le mérite d'avoir essayé d'innover. Les (longues) (et nombreuses) scènes dans lequel on voit Melvin Van Peebles courir à travers Los Angeles se révèlent incroyablement rythmées pour l'époque. Il use et abuse d'effets de montage, de surimpression, on y voit des scènes de vie quasi-documentaire, il y a des voix-off, la musique, etc... L'ensemble devient rapidement cacophonique, mais avec ses séquences, on s'approche plus du cinéma expérimental que du nanar pré-supposé. Melvin Van Peebles n'a pas simplement essayé de copier le cinéma traditionnel. Il a véritablement tenté d'innover et de proposer quelques chose de nouveau. Au final, dans l'intention, on est pas loin des grands cinéastes de la nouvelle vague. Hélas, dans les faits, le film se prête plus à la moquerie.
Ma sympathie pour ce film a été d'autant plus grande, lorsque j'ai appris qu'il s'agissait du premier film de blaxploitation et donc qu'il occupait une place de choix dans l'histoire du cinéma. Sweet Sweetback's Baadasssss Song est un très mauvais film. Mais il faut reconnaitre l'effort et l'aspect novateur de cette oeuvre. Difficile donc de mettre une trop mauvaise note .