Swiss Army Man, c’est l’histoire d’un mec sur le point de se suicider sur son île déserte, lorsque la mer lui ramène le corps d’un jeune homme. Y voyant là un signe, il se précipite à ses côtés pour ne découvrir qu’un cadavre qui s’exprime par une succession de pets scabreux. Désespéré, Hank retourne à sa corde, lorsque soudain le corps s’anime. L’expulsion des gaz intestinaux est d’une intensité si prodigieuse qu’elle transforme son hôte en propulseur humain dont Hank peut se servir pour quitter l’île. Tel un guilleret loup de mer, il chevauche ainsi son macchabée Jet-Ski jusqu’à une nouvelle terre d’accueil, où débute leur aventure pour retrouver la civilisation.
Vous avez du mal à y croire ? Voilà bien, pourtant, la séquence qui ouvre ce film délicieusement barré.
Swiss Army Man, non content d’être modelé autour d’une idée aussi insensée qu’audacieuse, offre un périple absurde dont la profondeur inopinée saisit par touches. Au cours de cette aventure, il est inévitable de se questionner sur l’étrange spectacle qui se déroule sous nos yeux. Oscillant entre gags à caractère scatophile, sexuel et dimension spirituelle, les auteurs dépeignent un voyage improbable, teinté de beauté et d’une terrible mélancolie. Ce récit initiatique surprend, fait rire, choque, ébranle. Laisse une trace (de pneu, entre autres).
Le duo de comédiens porte avec éclat et ridicule une mise en scène venue nous parler de pet, de masturbation, mais aussi d’amour et d’humanité. De la variation des tons, parfois fluide, parfois brutale, point une poésie délicate, intime, qui bouleverse autant qu’elle révulse.
Le scénario, saugrenu et allégorique, accuse une extravagance dont le cinéma contemporain manque cruellement. Un pari fou, frais, réussi, qui peut laisser perplexe mais dont il serait regrettable de se priver.
(Va faire un tour sur mon site, pour plus de critiques !)