Sword of the Stranger
7.4
Sword of the Stranger

Long-métrage d'animation de Masahiro Andô (2007)

Sword of the Stranger est un film d’animation comme on en fait rarement de nos jours. L’une des premières qualités de cet anime, c’est tout simplement cette... qualité, cette impression de "fait à la main" dès les premières images. Les décors peints à l’aquarelle sont un pur ravissement pendant l’heure quarante deux que dure le film de . Le réalisateur, au C.V. déjà bien fourni (il a notamment participé à Ghost In The Shell, Metropolis, et Cowboy Bebop le film entre autres), s’est apparemment donné pour tâche de faire de son premier film d’animation une véritable œuvre d’art. Et le résultat tient effectivement plus de l’artisanat que de la prouesse technique. Les images de synthèse et l’infographie sont utilisées avec parcimonie dans ce film et ce n’est pas plus mal.


Et les animations ne sont pas en reste. Les scènes d'action et les combats sont d’une virtuosité exemplaire et d’une finesse artistique éblouissante. On en vient même à apprécier la manière dont le sang gicle à chaque membre tranché, comme si chaque goutte d’hémoglobine faisait partie de la chorégraphie. Et la scène qui représente le mieux ce souci du détail, c’est d’ailleurs celle du tout premier combat du film, sous la pluie, et dans laquelle presque chaque gouttelette tressaille au passage de la lame du katana. Mais le summum en matière de chorégraphie et d’animation reste le combat final, hallucinant de beauté, et qui vaut à lui tout seul le fait de payer sa place de cinéma. On apercevra de temps en temps, deux trois "couacs" durant le film et des animations un peu faiblardes, mais elles sont heureusement rarissimes et n’entachent en rien la qualité de Sword of The Stranger.


Un étranger bien sympathique


L’autre point fort, c’est le character design du film avec en premier lieu Sans Nom, héros qui ne paie pas de mine en jetant un œil aux premières illustrations qui nous avaient été fournies, mais qui au final se révèle d’une classe et d’une épaisseur incomparables. Arrivant dans le film comme un cheveu sur la soupe, on est d’emblée séduit par son flegme nonchalant, sa gueule légèrement balafrée et sa présence. Tout comme le petit Kotaro, petit garçon teigneux et bougon, qui souhaite se donner un air d’adulte, et qui balancera d’ailleurs les répliques les plus marrantes du film. Tout est fait pour que le spectateur s’attache aux deux héros et qu’il s’amuse à les découvrir en temps réel. En effet, tout comme Sans Nom et Kotaro, nous ne connaissons rien d’eux lorsque le film débute et lors de leur première rencontre. Ne serait-ce que le nom du petit Kotaro qui nous est balancé une bonne vingtaine de minutes après le début du film. La relation qui se noue alors entre les deux personnages est certes convenue (ils ne s’entendent pas au début, puis finissent par être inséparables comme dans tout bon buddy movie), mais elle est amenée de la manière la plus touchante qui soit.


Luo Lang, c’est LE grand méchant du film. Impressionnant et mystérieux (parce que blond aux yeux bleus, au Japon de l’ère Sengoku, c’est pas forcément courant), la qualité de son seiyû lui apporte en plus une dimension incroyable grâce à une voix ténébreuse à souhait.


On appréciera également le détail apporté à l’environnement et au contexte historique du film. On en connaît des histoires se déroulant à l’ère Sengoku, ou "Époque des provinces en guerre", durant laquelle les clans de samouraïs s’écharpaient afin d’accéder au pouvoir. Et pourtant, Sword of The Stranger tire également à ce niveau-là son épingle du jeu. Le film est sombre, adulte et expose avec justesse toute la violence qui caractérise cette époque, et les ambitions sans limites des différents chefs de clans, à l’image de Itadori Shôgen, exemple parfait du seigneur de guerre avide de pouvoir et d’ambition.


La localisation des voix de doublage (les Chinois qui parlent chinois, notamment) permet également une plus grande immersion dans la réalité historique que tente de retranscrire le film.


Ce premier film original du studio Bones est une véritable réussite artistique. Tout simplement...

Mouss_Otakool
9
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le 5 oct. 2017

Critique lue 2.1K fois

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Mouss_Otakool

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