SYMPATHIE POUR LE DIABLE (14,8) (Guillaume de Fontenay, FRA, 2019, 100min) :
Pour son premier long métrage de fiction, le cinéaste québécois plonge le spectateur au cœur du conflit des Balkans pendant le siège de Sarajevo en 1992, à travers un portrait sans concession du reporter de guerre français Paul Marchand brillamment interprété par Niels Schneider.
Cette fiction s’appuie sur le livre éponyme publié en 1997 par Paul Marchand pour évoquer à travers une reconstitution très réussie du quotidien des sarajeviens pris sous les 330 bombes tombées du ciel en moyenne par jour et privés d’eau et d’électricité notamment. Le long métrage adopte le point de vue subjectif du journaliste sur place, observateur ulcéré face à l’inertie de l’Europe, l’impuissance coupable de la FORPRONU pour trouver des solutions malgré les horreurs dénoncées sur place – des milliers de mort rien que pour le siège de la ville – par de nombreux reporters qui ont risqué leur vie afin d’alerter l’opinion publique. Le cinéaste dresse également un portrait non hagiographie du journaliste dont les trajets en voiture – avec l’inscription « I am immortal » sur la carrosserie un brin provocatrice face aux snipers serbes juchés sur les collines autour de la ville – interroge sur le véritable prix du danger et sur son côté joueur avec la mort. Une œuvre puissante qui interpelle une nouvelle fois sur l’absurdité de la guerre avec une certaine efficacité, grâce à la sincérité de la mise en scène au format 1:33, et à l’interprétation impeccable des acteurs afin de nous faire ressentir de manière viscérale le chaos et la colère. Venez-vous immerger dans le cauchemar de la guerre contemporaine, au sein du remarquable Sympathie pour le diable. Passionnant. Puissant. Déchirant.