Ryu (Shin Ha-kyun) est sourd-muet et sa sœur nécessite une greffe. Pour que la transplantation ait lieu, il a besoin de 10 millions de wons. Jouant d'énormément de malchance, le sort ayant décidé de s'acharner, Ryu se retrouve à comploter avec Yeong-mi (Doona Bae), sa copine, afin d'enlever la fillette de son ancien patron, qui l'a licencié, afin d'obtenir la somme dont il a besoin en échange. Evidemment, là encore, tout va se compliquer à l'extrême, et sombrer dans la noirceur et le glauque. Comme si notre protagoniste aux cheveux verts ne devait pas toucher le pactole, malgré les différentes voies empruntées. "Pierre qui roule n'amasse pas mousse".
Green or net
Sympathy for Mr Vengeance, c'est donc l'histoire d'un gonze qui veut simplement sauver sa sœur. Yeong-mi lui suggérera un rapt, affirmant que les gens ont une mauvaise image du kidnapping alors que lorsque les parents sont obéissants, tout se passe bien. Et Ryu de prendre une décision qui va s'avérer désastreuse, tant elle démontrera que sa copine avait tout faux, et qu'il avait bien plus que sa sœur à perdre. S'ensuit une scène absolument glaçante près d'une rivière. On prend peu à peu conscience du niveau de maîtrise de Park Chan-Wook, qui ralentit et étire autant qu'il le peut (un peu trop sur la fin, à mon goût), rendant certaines séquences particulièrement insoutenables. D'autant qu'il déroule à plusieurs reprises l'action sur plusieurs plans, ce qui, couplé au handicap du protagoniste aux cheveux verts, décuple l'impact voulu, que ce soit l'aspect dramatique, l'ironie, ou même l'humour, car aussi amer soit-il, le film n'en est pas dénué (une paire de scènes supposées dures peuvent faire sourire, c'est très fort !).
A Song for the Deaf
L'histoire de ce premier volet de la fameuse "trilogie de la vengeance" du réalisateur coréen va également s'attarder sur le père de Yu-sun, la fillette. Dong-jin (éblouissant - comme à son habitude - Song Kang-ho), un cadre et modèle de réussite, à l'autre bout de l'échelle sociale par rapport à Ryu. Son arc narratif se déroulera sous la forme d'une enquête poignante et cauchemardesque. L'une des grandes forces de Sympathy for Mr Vengeance est de ne jamais sombrer dans un quelconque manichéisme. Les personnages sont humains, ils commettent des erreurs (des horreurs même), et de toute part, la vengeance devient le principal moteur de leurs actions. Ce qui démarre comme un malencontreux incident se poursuit en crescendo de violence, devenue le seul moyen d'expression de ces pauvres hères emplis de désespoir. Finalement, d'après Park Chan-Wook, que l'on soit riche ou pauvre, que l'on ait beaucoup ou peu, on a toujours beaucoup à perdre. Le volet précédant l'inénarrable Old Boy initie de fort belle et dure manière la trilogie. Un habile mélange de saveurs pour un sucré-salé qui ne peut que mal se terminer, et laisser sans voix.