La vengeance est un plat qui se mange froid.
Sympathy for Mr Vengeance (aussi connu sous le nom de "SMV" par simplicité d'écriture) est le premier volet de la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook. Probablement le réalisateur coréen le plus connu hors de ses frontières, ce bon Park est vraiment quelqu'un de très surprenant. Old Boy a été un choc pour moi. Sympathy for Mr Vengeance l'est presque tout autant, mais s'en éloigne de par sa mise en scène à des millénaires de celle d'Old Boy.
Le film est scindé en deux parties. Lors de la première on suit les (més)aventures de Ryu et de sa petite amie Yeong-mi, puis celles de Dong-Jin dans la deuxième, le patron de Ryu. Le film commence par nous peindre les dessous sales d'une société coréenne actuelle qui fait la part belle aux riches et dans laquelle les plus démunis doivent se démerder.
L'aspect le plus fort, le plus poignant et le plus déstabilisant en fin de compte, c'est la profondeur accordée au personnages. On ressent vraiment de la peine pour eux et on s'y identifie très facilement et très rapidement. Malgré toutes les horreurs qu'ils peuvent faire, on n'arrivent pas à leur en vouloir. Comment en vouloir à Ryu, sourd muet un peu simplet qui essaye juste de sauver sa soeur de la mort, en contactant les trafficant d'organes, qui détruisent son pays ?! Comment accuser Yeong-Mi, amoureuse folle de Ryu, passionnée comme jamais et horriblement aimable ? Et surtout comment pourrait on blâmer Dong-jin ? Il élève sa fille, seul, on lui enlève et on la retrouve noyée. Comment alors pourrait on lui en vouloir pour avoir un besoin de vengeance aussi violente soit elle ? Les images, plus horribles les unes que les autres s'affichent tour à tour devant nous et notre identification aux personnages est telle, que l'on se retrouve totalement désarmé au fur et à mesure de l'avancée du film.
Le piège du manichéisme primaire est totalement évité et que dire de l'écriture, simple mais complexe à la fois, qui, alliée à la mise en scène, ne nous perd jamais ?
C'est bien simple, les plans sont la plupart du temps fixes et longs. Park Chan-wook prend le temps de poser sa caméra pour nous conter son histoire. Son cadre est tellement juste, tellement millimétré pour nous placer devant les images qu'il choisit. Après tout, il n'a besoin de rien d'autres. Pas besoin de mouvements de caméra violents ou désarmants, le plan fixe et la maîtrise du cadre suffise. Ainsi là où Old Boy se caractérise par son montage rapide et cette caméra virevoltante, SMV est plus empreint de calme, nous plongeant dans un faux rythme, pour mieux nous éblouir de violence (et de sang) par la suite.
Le rythme justement. Si je devais lui faire un reproche ce serait ce début. Ce début un peu lent, un peu long à se mettre en place. Je trouve cette première demi heure largement en dessous du reste du film, et cet écart dans le rythme est mal maîtrisé.
Park Chan-wook est un réalisateur à part de le vaste paysage qu'est le cinéma coréen. Un homme capable de nous surprendre à chaque film, un homme pétri de talents qui s'exprime d'une façon si belle, mais si dure caméra en main. SMV précède son chef d'oeuvre. Mais il n'a absolument rien à envier à son grand frère.