Une remarquable approche formelle
Depuis 2003, année de sortie sur les écrans français de "Sympathy for Mister Vengeance", on a vu bien des films coréens, avec leur édifiante brutalité et leur frontalité dans la description de l'horreur du monde. On a aussi vu "Old Boy", où PARK Chan-Wook accédait à un nouveau stade dans l'abominable, par rapport à ce premier essai, qui nous paraîtra donc aujourd'hui moins révulsant. Si l'on peut se désoler de ce que notre sensibilité s'émousse, on doit se réjouir de pouvoir se concentrer sur les grandes qualités du film : une attention de tous les instants aux infimes mouvements de l'âme de ses personnages, paradoxalement équilibrée par un sens du burlesque qui tire le film vers la farce caricaturale dans certains moments bien venus (libérer la tension, tout un art...). Et bien sûr cette remarquable approche formelle qui fait de PARK Chan-Wook un réalisateur admiré, aussi bien dans l'ambitieuse - et déroutante - narration (ces incroyables ellipses qui désorientent, qui font appel à toute notre intelligence et notre attention, mais finissent par construire une histoire en creux), que dans la composition superbe de nombreuses scènes.