Jean-Claude, co-scénariste de l'adaptation de cette bête à Goncourt, possède une carrière tellement incroyable que son nom en est devenu prophétique. De fait, et comme souvent avec ce dernier, le meilleur se situe sans doute dans le bonus du DVD où l'écrivain nous donne sa vision d'une adaptation, relativement brillante.


Coma la maison
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'entre cette jeune fille et son mari plus âgé, le Coran passe mal.
Même sans avoir lu le livre, il y a un petit problème quand la trame du récit épouse d'une manière aussi fidèle le thème annoncé (une femme profite d'une liberté de parole inattendue pour se libérer peu à peu) sans qu'aucune surprise ne vienne faire dévier cette trajectoire programmée. On reste un peu sur sa faim.


Son mollah, mollasson
Les qualités de l'entreprise sont pourtant nombreuses: une ambiance prégnante, une confrontation entre les délire mystiques des uns (les religieux, les guerriers) et la réalité pragmatique des autres (la femme et sa tante) réussie, plus quelques dialogues savoureux ("quand on ne sait pas faire l'amour, on fait la guerre").


Afghan de toilette
Pour la première fois depuis longtemps, je me suis dit que j'aurai pu jouer le premier rôle d'un film diffusé en salle, si tant est que je parvienne à arborer un visage impassible, sans ciller. Se faire laver, nourrir et torcher n'est finalement désagréable que si le handicap est avéré. A l'inverse, la performance de Golshifteh Farahani est lumineuse. C'est bien elle qui tient à bout de bras l'intérêt d'un film juste mais sans (grosse) surprise, beau mais pas complètement bouleversant, à l'interprétation et l'écriture impeccable mais aux enjeux attendus.


La prophétie professa
En fait, ce genre de film pratique où vous pouvez plaquer votre philosophie, ou, plus prosaïquement, votre humeur du moment, selon l'éternelle image du verre à moitié plein ou à moitié vide.
Il est forcément plus facile de tenir ce genre d'avis douillet confortablement installé dans ma citadelle occidentale que là où l'on est quotidiennement confronté aux problématiques évoquées ici, pour peu que, comme moi, on se sente allergique à tous les préceptes religieux, contraignant et liberticides, et proche de toute démarche visant à contribuer à la liberté absolue de tous -et donc en premier des femmes-, mais il manque un petit quelque chose pour que la forme de ce manifeste épouse un fond qui mérite sans cesse d'être proclamé et répété.


Femen pas peur
Sans être un coup d'épée dans l'eau, on eut aimé que le film se révéla un véritable coup de poignard, dans un corps peut-être plus résistant.
Espérons donc que le récit ne soit pas prophétique et qu'il ne faille que l'adversaire (celui qui asservit au nom de fariboles superstitieuses) soit à ce point désarmé pour que la révolte soit possible.
Depuis un moment, des combattantes pacifiques aux seins nues nous rassurent.

guyness

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