Blow-up the TV

Les temps sont durs pour Charles Band, frappé par la banqueroute suite à l’échec financier de son « blockbuster » Robot Jox. Empire Pictures ne s’en relèvera pas, emportant avec elle les studios Dino Citta et les rêves de Série B de son producteur fondant dès lors une nouvelle société des ruines de la précédente. Dans ce contexte moins clinquant va naître Crash and Burn, renommé Synthoïd 2030 dans nos contrées et vendu comme une suite officieuse, une manœuvre visant à capitaliser sur le nom de son précédent fossoyeur pour lequel il n’entretient qu’un étroit lien de parenté où il est moins question de combat de robots géants que de survie de l’humanité face à l’oppression générique d’une compagnie privée. L’histoire prend place en 2030, dans les paysages désolés d’Alabama Hills au Nevada où furent tournés de nombreuses émissions tv et westerns tel que The Lone Ranger, et dont l’environnement hostile et rocailleux servira de décors à Iron Man, Tremors ou Gladiator. La trame de fond y est pessimiste, la couche d’ozone n’existe plus, et le héros, un Mad-Max corporatiste aux cheveux longs traverse le désert à dos de moto et combinaison UV pour livrer le fréon nécessaire à la climatisation d’un studio TV dont l’UNICOM suspecte d’appartenir à la résistance. Une tempête magnétique oblige cependant le livreur et espion à prendre une demi-pension au sein de la station.

De cet ambitieux background post-apocalyptique, il ne reste que peu d’éléments, tandis qu’un mystérieux tueur tente d’éliminer tous les membres de l’équipe de production. Mais plutôt que d’orchestrer une simple mécanique de prédation, le réalisateur cherche à insuffler un climat de paranoïa entre les protagonistes qui ont tous quelque choses à cacher. Cela passe évidemment par une caractérisation un peu plus subtile que ce que l’on voit habituellement dans ses productions, d'autant qu'il peut compter sur la présence de Jack McGee et Bill Moseley au casting. Mise à part cela, le film concède peu d’originalité, et on ne sera pas tellement surpris de retrouver la scène du test sanguin visant à faire désavouer le coupable. Crash and Burn fera même preuve de la plus grande retenue concernant ses effets spéciaux tout en se faisant le pastiche bis de Terminator et de The Thing avec ce cyborg détraqué qui erre dans les couloirs délabrés d’une ancienne usine désaffectée. Dans son dernier quart d'heure, le rythme finira par s'emballer lorsque les survivants mettront la main sur les restes d’un mécha à la gestuelle quelque peu grippée, ce qui permettra au spectateur de sortir enfin de sa torpeur suscitée par une indolente demi-heure. C’est d’ailleurs tout le talent de Charles Band, capable de nous faire miroiter des combats haletants en stop-motion ainsi que des scènes d’actions effrénés grâce au montage d’une bande annonce bien plus rythmés que les 85 minutes dilués de son DTV.

Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !