Tenter de montrer en à peine deux heures les diverses ingérences américaines visant à s'assurer le contrôle du pétrole au Moyen-Orient relevait à mon sens de l'exercice on ne peut plus périlleux. Syriana s'en sort plutôt bien, en posant un regard lucide et critique (illustré par des séquences fortement hétérogènes sur le plan de la qualité et de la subtilité, j'en conviens) sur la situation, par le biais des destins croisés d'une multitude de personnages (un agent de la CIA, un avocat engagé par une compagnie pétrolière, un analyste économique, un prince arabe progressiste, un jeune chômeur pakistanais etc.) confrontés de plus ou moins près à des jeux de pouvoir et autres luttes d'influence politiques, financières ou encore sociales.
L'interprétation et le casting sont irréprochables, la réalisation fait montre d'une sobriété agréable, et pour peu que le sujet nous intéresse, on n'a aucun mal à intégrer la masse d'informations nécessaire à la bonne compréhension de l'intrigue et à supporter le faux rythme de l'aventure.
Finalement, le seul reproche que j'ai envie d'adresser à ce film est d'en être un. Vue la complexité des thèmes abordés, ceux-ci auraient à mes yeux gagné à être explorés plus en profondeur, peut-être par le jeu d'une série au long cours et exigeante (je rêve d'une sorte de The Wire géopolitique). Ce choix aurait en outre permis de plonger véritablement dans la psychologie des différents protagonistes, et donc de renforcer l'intérêt dramatique du projet (malheureusement discutable ici).
En conclusion, une pellicule indiscutablement imparfaite et bancale, mais qui me pousse à la générosité tant je trouve son approche de sa matière peu vendeuse courageuse.