"T'es un touriste dans ta propre jeunesse"

J’attendais ce film avec énormément de hâte, parce que Danny Boyle est mon réalisateur favori, et que Trainspotting est mon film préféré de sa filmographie. Mais j’attendais aussi ce film avec énormément de peur, parce que Danny Boyle est mon réalisateur favori, et que Trainspotting est mon film préféré de sa filmographie. Cercle vicieux, m’voyez ?

Les avis divergent. Et comme disait Pierre Desproges : 10 verges, c’est énorme.
Qu’en est-il du mien (non, pas de la mienne, ne vous éparpillez pas bande de cochons) ? C’est un OUI. Pas un OUIIII, juste un OUI. Et vu le projet, vu à la suite de quel film on s’attaque, c’est déjà très bien, car tout partait pour que mon opinion se retrouve à l'exact opposé. C'est pas le meilleur de Danny Boyle c'est certain, mais ça reste bien au-dessus de, allez, au hasard, "Millions" par exemple (bon, ok, le choix du film n'est peut-être pas si aléatoire que ça).

Ce qui est certain, c'est que la principale force du film, c'est son rapport constant à la nostalgie. Nostalgie de la jeunesse pour Renton et les autres, nostalgie du premier film (et de notre jeunesse, pour les plus anciens) pour nous. J'aime beaucoup ce sujet, puisqu'il est d'abord très cohérent avec ce film et son idée de "la suite 20 ans après".. Et ensuite parce qu'il entre parfaitement dans l'un des thèmes récurrents des films de Boyle, à savoir le temps (et pour avoir fait un exposé de philo sur le rapport des films de Boyle au temps, je sais de quoi je parle). Sans déconner, le temps est un thème qui obsède Danny Boyle, que ça soit dans sa façon de filmer souvent avec des plans courts et jours rapides, dans la solitude et le temps très long vécu par le héros de "127 heures", ou encore la vitesse dans "28 jours plus tard" avec des plans souvent vifs et courts (puis sans dec', la vitesse dans ce film est un thème indéniable. Le gars est le premier à avoir fait courir des zombies, merde !), le temps est toujours très important. Il l'est encore ici, avec donc le temps qui a passé, la jeunesse perdue, etc.. La nostalgie est donc un nouvel angle pour parler du temps trouvé par Boyle, et c'est plutôt efficace. Disons que ça l'est encore plus si on a vu le premier film, forcément. Et peut-être encore plus si on a l'âge des héros, mais là ce n'est pas mon cas. En terme de réalisation pure, je trouve ça toujours aussi fort.. Certains plans sont très beaux, quelques petites astuces sont bien trouvées, certaines scènes sont très bien filmées (pour ne pas spoiler.. Je vais dire "les retrouvailles entre Renton et Spud" par exemple, ceux qui ont vu le film comprendront).. Le plan final est également très joli et ingénieux.
Le style est quand même très différent du premier film, et c'est peut-être ça qui en a déçu certains.. Ce n'est pas une copie du premier film. C'est beaucoup moins dramatique, car moins lié à la drogue, qui n'a plus la place centrale de l'histoire, même si elle reste bien présente. Le côté comique est plus soigné, Spud étant en tête des attributs comiques de ce film. La scène de la chanson au piano est juste mémorable.
Le scénario est donc assez bien écrit, même si on reste loin de l'ingéniosité du premier film.. Il reste plutôt bon, on prend plaisir à retrouver nos héros, les relations entre les personnages et ce qu'ils sont devenus sont plutôt cohérentes, y'a rien de vraiment alarmant. Certes, ça part peut-être un peu en couilles.. Mais ça reste dans l'esprit du premier film, et dans l'esprit des films de Boyle en général. Il y a toujours un moment où ça part un peu en couilles.

Concernant les acteurs, rien à dire, tous aussi géniaux les uns que les autres. Ewan McGregor touchant, Ewen Bremner hilarant, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle détestables mais pour le bien du film.. Tous au top.
Une bonne suite, mignonne, pour les nostalgiques de la première heure. Il ne peut pas égaler le premier, c'est logique, ça n'en fait pas un mauvais film.