Si quelqu'un prétend ça, sachez que ce ne sont que des salades. 

Il y a une telle volonté, dans le film de Miguel Gomes, de faire quelque chose de différent, de décalé, que le film oscille sans cesse sur une corde raide entre tendre nanar et chef-d'œuvre indépendant. 

Ainsi, la rupture du récit, en milieu de film, est de ce point de vue révélatrice de la volonté de prise de risque du réalisateur. Les deux parties sont tellement indépendantes qu'on a l'impression de voir deux courts-métrages collés, ou un film à (peu de) sketch. Ce genre de démarche est, et a toujours été, éminemment casse-gueule et on doit à la virtuosité de l'ensemble de tenir en un tout cohérent.  
Peut-être Gomes a-t-il tout simplement voulu montrer qu'il était aussi à l'aise dans le récit quotidien moderne que dans le quasi-conte historique. 
Et, de fait, il l'est.

Cette tension entre deux extrêmes s'illustre, à mon goût, par deux exemples.
Le premier tient en un anachronisme confondant. Lors d'une scène de village, en Afrique, sensée se passer autour des années 60, on distingue nettement le maillot de foot d'un des enfants, arborant fièrement le sigle de Samsung mobile. (Pan, dans Tabou-che !)
Le deuxième, c'est cette histoire d'amour charmante, là encore en équilibre précaire entre candeur juvénile et embrasement épique qui réserve quelques scènes merveilleuses d'intimité et de passion.

De toutes façons, un film dont un des personnages principaux est batteur (le musicien, pas l'ustensile de cuisine, hein ?) ne peut être foncièrement mauvais.

Si le film n'est pas, comme énoncé un peu partout dans la presse hype, un escabeau vers le paradis, on peut facilement au moins le considérer comme un tabou-ret.
guyness

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