Les destins de Tian-Bao et Jun-Bao

Par exemple ils font des combats de jambes pendant le repas sous la table et ça se termine avec la table qui s'effondre : Tian-Bao dit alors qu'il y a des termites. Hé hé. A la lessive, ils en profitent pour combattre avec des vêtements imbibés d'eau qu'ils tordent pour en faire une arme et à force de tirer dessus, les vêtements se déchirent. Tian-Bao de redoubler d'imagination en disant qu'il y a des rats dans le monastère. Et enfin, la nuit, ça leur arrive de dormir en position du poirier, sur la tête, rien que ça.

En quittant le monastère, Tian-Bao, très ambitieux, va rejoindre l'armée, alors que Jun-Bao se range au côté des rebelles. Tian-Bao va finir par trahir son meilleur ami en l'attirant lui et les rebelles dans un guet-apens en plein milieu du camp de l'armée.

Il s'en suit que Jun-Bao va sombrer dans la folie à cause de la culpabilité d'avoir participé à la mort de nombreux de ses amis et de la trahison de Tian-Bao. Il va alors recevoir l'aide d'une femme (interprêtée par Michelle Yeoh) et d'un charlatan taoïste inoffensif. Jun-Bao avait lui même aidé cette femme (abandonnée par son mari pour une autre) au début du film en lui disant :

La vie t'a fait ce que tu es, cela ne doit pas être un fardeau.

Et là c'est elle qui lui retourne cette belle phrase. J'aime beaucoup cet effet de style d'une phrase phare qui revient à plusieurs reprises dans un film (notamment dans The Imitation Game).

La femme et le charlatan ont beaucoup de mal à lui faire retrouver la raison.

Puis vient mon passage préféré du film où elle emmène Jun-Bao dans la nature, dans un champs. Ils se promènent et elle lui explique que "tout dans la nature agit dans un but précis", en lui montrant une jeune pousse sur une branche morte.

C'est alors qu'ils sont témoins d'une scène de vie qui va amener Jun-Bao à avoir un déclic, un éveil instantané : un homme porte un fagot de bois, et un autre homme vient lui annoncer en courant que sa femme a accouché. L'homme tout content se hâte avec son bois sur le dos et là, son ami lui dit :

mais allons, laisse ton fardeau, il y a des choses plus importantes dans la vie !

Et les deux hommes s'en vont en courant. Et là la caméra montre Jun-Bao qui se répète plusieurs fois à lui-même : "Oter son fardeau, partir vers une nouvelle vie." Jusqu'à ce qu'il atteigne ce déclic qui lui fait retrouver la raison.

Il se tourne alors vers un vieux rouleau que leur maître commun à Tian-Bao et à lui leur avait donné. Un parchemin qui va lui apprendre le Tai-Chi. Une toute nouvelle voie pour lui puisque il ne s'agit pas de combat mais plutôt de paix et d'harmonie. Il découvre alors que "tout est dans la force de la nature", et il s'approprie cette voie par petits pas jusqu'à "danser" dans l'herbe au milieu des feuilles qui tournoient autour de lui, manipulées pas son énergie vitale et ses mouvements hypnotiques.

A la fin, il pars affronter Tian-Bao, accompagné de la femme, en prenant en otage le Gouverneur, le supérieur de Tian-Bao. Tian-Bao est sommé de s'agenouiller mais son orgueil finit par lui faire commettre l'irréparable : il tue le Gouverneur devant toutes ses troupes, s'auto-proclamant le nouveau chef. Mais Jun-Bao est devenu bien plus fort que Tian-Bao grâce au Tai-Chi et le combat entre les deux hommes tourne à la correction pour Tian-Bao qui ne parvient pas à mettre Jun-Bao en difficulté. Ses propres hommes l'abandonnent même car il a assassiné le Gouverneur, donc qui dit qu'il ne va pas les tuer aussi après s'être servi d'eux.

Comble de la sournoiserie, il fait alors semblant de se rendre pour prendre Jun-Bao par surprise, mais celui-ci est aux aguets, Tian-Bao finit par mourir à son propre jeu, il tombe sur les lances de ses propres soldats et s'y empale.

Les soldats laissent alors Jun-Bao et la femme sortir du camp librement, en quelque sorte en signe de respect et de reconnaissance pour les avoir libérés du joug tyrannique de Tian-Bao.

Chacun sur leur cheval, ils trottent, quand la femme demande à Jun-Bao si ils se reverront.

Jun-Bao de répondre :

Le destin nous le dira.

Et la femme jouée par Michelle Yeoh de conclure :

Ton destin c'est le Tai-Chi...

Pendant le générique de fin, on peut voir Jun-Bao au Temple des Trois Purs, en Maître de Tai-Chi pratiquant son 'Art" devant des centaines de disciples en pleine pratique.

Un film très beau, sur la suprématie de la paix sur la violence, un bel éloge du Tai-Chi, et des phrases qui incitent à ne pas baisser le bras :

La vie t'as fait ce que tu es, cela ne doit pas être un fardeau

; ou à prendre un nouveau départ :

Ôter son fardeau, partir vers une nouvelle vie

Sur ce, puisse le destin vous apporter la paix :)

PS : c'est Jet li qui interprête Jun-Bao adulte.