Pourquoi est-ce que je persiste à voir du Jet Li, alors que lors de ma dernière incursion dans sa filmographie, je n’avais rien trouvé qui m’ait vraiment plu ? Eh bien Tai-chi master se trouvait dans le top SensCritique des meilleurs films d’arts martiaux, après tous ceux que j’ai déjà vus, et quelques un qui ne me font vraiment pas envie.
J’ai beau m’intéresser à ce genre de cinéma auquel je suis encore peu familier, j’ai certaines exigences particulières qui font que je suis souvent déçu. Je pensais que ce serait le cas aussi avec Tai-chi master… et finalement j’y ai enfin retrouvé ce que je cherche : un film qui sait mettre en avant ses chorégraphies et des performances physiques impressionnantes, sans caméra qui tremble, sans montage trop cut. Quel bol d’air frais.
Tout ce que je regrette dans la mise en scène, c’est quelques gros plans en courte focale, et des ralentis disgracieux, quoique la plupart s’intègrent bien dans les combats.
Même l’usage de trucage et de câbles, qui m’irrite habituellement, ne m’a pas dérangé ; tout dépend de la façon dont on s’en sert. Et ici, ça n’est pas pour compenser le manque de talent des acteurs/cascadeurs qui, même s’ils sont aidés par des filins pour leurs saltos, rebondissent en même temps sur un pilier, ou font tournoyer une table sur laquelle ils atterrissent, ce qui fait qu’ils livrent malgré tout de réelles performances. Même les plus jeunes acteurs sont d’un talent bluffant.
Et contrairement à ce que j’ai vu trop souvent, ces sauts assistés ne dénotent pas avec le naturel des autres mouvements ; on n’a pas l’impression que les personnages sont soulevés par une force invisible, et on ne se contente pas de les faire se déplacer en faisant des bonds de grenouille.
Ces trucages servent de plus à mettre en image un tas d’idées qu’on ne pourrait filmer autrement. Les combats sont parfois farfelus et ont une petit touche de fantastique, mais j’ai été charmé par leur folie. Les chorégraphies sont extraordinaires et font usage d’un peu tout ce qui tombe sous la main, par exemple une table, qui trouve son usage même après avoir été mise en morceaux.
Ça se balance des bâtons en série, les héros les dévie sur les ennemis, puis glissent sur un adversaire tout en frappant ses alliés… C’est à la fois impressionnant et très drôle.
Je ne m’attendais pas à ce que le film soit comique, et l’humour est à la fois très bête et un peu puéril, mais tout de même amusant. L’histoire débute lorsque les personnages sont gamins et font des bêtises, mais même lorsqu’ils sont adultes il y a toujours cet esprit bon enfant.
Les héros sont deux amis moines bouddhistes, chassés de leur temple, qui doivent se débrouiller dans le monde extérieur. Ils découvrent maladroitement, entre autres, la nécessité de gagner de l’argent, et les femmes.
Certaines situations sont énormes, mêlant astucieusement les arts martiaux et la comédie ; on est à la limite de la parodie, puisque Tai-chi master pose un regard décalé sur des poncifs du genre : les héros se cassent des briquent sur la tête, mais tout en discutant, comme si de rien n’était.
Les scènes plus dramatiques marchent beaucoup moins, surtout quand elles débarquent subitement après un moment comique.
Malheureusement dans sa seconde partie le film s’engage dans la voie de la tragédie, lorsque les deux protagonistes se séparent et que l’un, qui aspire à la richesse, rejoint sans scrupules une armée corrompue.
Sa transformation en méchant est précipitée, on n’y croit pas du tout, et dans le même temps le héros devient fou, contrebalançant le drame trop sérieux avec un humour soudain trop lourd.
Tai-chi master a un scénario un peu trop léger, par rapport à l’abondance de combats, provoqués pour un rien.
Mais les séquences d’action, justement, sont tellement dingues que je ressors du film avec une bonne impression globale.
Je n’ai pas été surpris de découvrir que le réalisateur n’était autre que Yuen Woo Ping, qui avait fait Iron monkey, que j’avais adoré pour des raisons semblables.
Je n’avais par contre pas tant adhéré aux deux premiers Tiger cage, mais je crois que je vais quand même fouiller un peu dans le reste de sa filmo.