Jeff Nichols, le réalisateur de Shotgun Stories, retrouve Michael Shannon trois ans plus tard pour un nouveau drame cette fois-ci plus atypique. Proche du thriller paranoïaque, Take Shelter suit donc un trentenaire lambda, Curtis LaForche, qui vit dans l'Ohio avec sa femme Samantha et sa fille Hannah, atteinte de surdité. Mais lorsqu'il commence à faire de puissants cauchemars, la vie de Curtis va basculer... De rêves douloureux en hallucinations personnelles, ce simple ouvrier à la vie normale va commencer à se questionner sur son état mental, lui qui n'a pas eu une enfance dorée et dont la propre mère a commencé à souffrir de schizophrénie à son âge.
Se demandant s'il ne fait pas de rêves prémonitoires ou s'il ne sombre tout simplement pas dans la folie, Curtis va tout faire pour progressivement se tirer de cette situation, allant de docteurs en psychanalystes avant de réaliser qu'il ne prendra aucun risque pour le bien de sa famille : dans un souci de sécurité absolu, Curtis va aménager l'abri anti-tornade situé dans son jardin dans l'éventualité de la catastrophe de ses cauchemars... au risque de perdre en même temps sa propre famille. Certes long dans la forme mais néanmoins puissant dans l'ensemble, Take Shelter reste un drame familial intense, porté par une interprétation irréprochable et un suspense palpable commençant dès les premières minutes pour ne jamais lâcher prise.
Jeff Nichols instaure donc tout au long du long-métrage un sentiment d'apathie envers notre héros torturé mais également un doute quant aux propos de ce dernier : est-il fou ou voit-il juste ? La catastrophe de ses rêves arrivera-t-elle comme prédit ou n'est-ce que l'âme tourmentée d'un père de famille aimant ? La réponse se trouve à la toute fin d'un long-métrage époustouflant dont la beauté des images n'a d'égal que la force d'un scénario intelligent, jouant habilement avec les codes du genre pour nous servir un thriller humain paranoïaque de toute beauté.