Voilà qui fait plaisir. Voilà un vrai film. Un qui ne vous en met pas plein la gueule à grands coups d'effets numériques. Un qui ne vous embarque pas dans un rythme effréné juste par goût de l'action. Un film qui vous angoisse, sans vous balancer un jump scare putassier toutes les 3 minutes. Voilà un film sobre, mais pourtant efficace.
Certains l'ont trouvé lénifiant, mal rythmé, long. Et c'est vrai que le rythme est lent. Il prend son temps. Il explore divers pistes, il laisse le malaise et l’ambiguïté s'insinuer doucement mais surement au fil des minutes. Il laisse sa place aux acteurs. Et si la réalisation n'est certes pas remarquable, elle n'a au moins pas le tort de recourir à certains artifices. L’œuvre est honnête de bout en bout. Oui, certaines longueurs et silences mettent mal à l'aise. Mais il me semble que c'est voulu, et même approprié.
Et jusqu'au bout, le réalisateur parvient à maintenir l’ambiguïté qui fait le sel de son film, sans vendre la mèche. A la rigueur, on pourrait lui reprocher d'avoir donner dans la surenchère dans le côté misérabiliste de cette famille. Fille handicapée, épouse aux revenus faméliques, héros ouvrier avec le spectre du chômage qui plane sur lui mais dont la mutuelle de son boulot lui permet d'accéder aux soins pour sa fille, dettes, prédispositions génétiques à la schizophrénie, belle famille catho, traumatisme de l'enfance, univers très rural américain... On pouvait probablement s'épargner 1 ou 2 de ces éléments sans nuire au propos du film. Mais à part ça, Il n'y a quasiment aucune fausse note.