Take Shelter par alfextra
Depuis quelques temps, les films apocalyptiques se font de plus en plus présents dans les salles obscures.
Quand on constate cette fin du monde dans les gros blockbusters hollywoodiens (Le Jour d'Après, Je suis une légende, ...), le tout peux sembler normal, car après tout une belle fin du monde, c'est du grand spectacle, ça doit péter dans tous les sens.
Quand le constat se fait de manière croissante dans les films d'auteurs actuels (Melancholia de Lars Von Trier, Le Cheval de Turin de Bela Tarr, ...), on peut se poser la question de la raison d'une telle présence. Sans faire dans la politique primaire, il me semble malgré tout que l'état actuel de nos civilisations ne portent pas à une joie démesurée.
Ainsi, le deuxième film de Jeff Nichols (après Shotgun Stories) nous conte l'histoire d'une apocalypse, d'une fin du monde intimiste, à l'échelle d'une famille américaine. Quand Curtis LaForche, père de famille sans histoires commence à basculer dans la paranoïa, que va-t-il advenir de sa famille ? Et est-ce bien de la paranoïa ? Voici les questions qu'aborde le film. Le tout se fait de manière lente, à mesure que Curtis imagine des phénomènes météorologiques d'une rare violence. D'abord rêvés, ces hallucinations prennent le pas sur sa réalité. Les antécédents de Curtis sont forts, sa mère ayant déjà été victime de symptômes paranoïaques. Livré à lui-même, souhaitant protéger sa famille, il décide de construire un abri anti-tornade dans son jardin. Face à lui, sa femme et leur jeune fille atteinte de surdité ne savent pas comment réagir.
Grâce à deux acteurs formidables (Michael Schannon et Jessica Chastain), à une maîtrise esthétique évidente et à une histoire bien emmené, nous plongeons facilement dans ce film. L'évolution des personnages, parfaitement vraisemblable, est très travaillé et m'a même surprise dans cette idée de garder la famille soudée à tout prix. Le film se conclut avec une scène d'une beauté et d'une force époustouflante, qui raisonne d'ailleurs avec la fin du film des frères Coen, A Serious Man.
Un denier point sur la musique, quasi omniprésente, mais d'une telle délicatesse qu'elle ne se fait entendre qu'aux moments les plus cruciaux. Une belle BO signé par David Wingo, un compositeur sans grande référence mais qui du coup signera la BO du futur film de Jeff Nichols (Mud) que j'attends du coup avec une impatience certaine.