Eternel recommencement d'une valse incessante.
La comédienne Sarah Polley avait fait des débuts remarqués à la mise en scène en 2007 avec "Loin d'elle", drame pudique fort intéressant mais qui ne m'avait pas d'avantage touché que ça. Avec un sujet aussi rabâché que celui de l'adultère, "Take this waltz" ne partait pas franchement gagnant dans ma petite tête. C'était me tromper honteusement, tant ce second essai a illuminé ma soirée.
La comédienne / cinéaste prend ainsi le contrepied de nos attentes (nos craintes ?), en abordant son sujet avec une étonnante légèreté, choisissant un cadre solaire d'habitude réservé à la comédie romantique, à l'inverse de la grisaille généralement de mise, en particulier dans le cinéma d'auteur français, spécialiste en la matière. Aux tics indies redoutés, "Take this waltz" laisse au contraire la place à une mise en scène soigneusement pensée et étudiée, à une photographie absolument sublime et à un travail magnifique sur la couleur, offrant ainsi un cadre formellement splendide.
Loin de porter un jugement facile sur ses personnages, Sarah Polley fait preuve d'une simplicité, d'une pertinence et d'une pudeur incroyable, retranscrivant avec force et intelligence toute la complexité des tourments de son héroïne magnifiquement campée par une Michelle Williams d'une justesse de chaque instant, femme-enfant au mariage heureux mais qui découvrira dans les bras d'un autre ce qu'elle n'a peut-être jamais vraiment connu: le désir dans ce qu'il a de plus inattendu et viscéral.
Filmant les corps avec une sensualité ahurissante et d'une maturité étonnante avec la nudité frontale, Sarah Polley livre un parcours initiatique aussi touchant que parfois déconcertant, un magnifique portrait de femme plastiquement irréprochable qui passe malheureusement à côté d'un final grandiose à force de vouloir réconcilier à tout prix ses protagonistes. Dommage.