J’ignore qui vous êtes, j’ignore ce que vous voulez. Si c'est une rançon que vous espérez, je vous dis tout de suite que je n'ai pas d’argent mais ce que j’ai, en revanche, ce sont des compétences très particulières. Je les ai acquises au cours d’une longue, très longue carrière. Et elles feront de moi un véritable cauchemar pour vous. Si vous relâchez ma fille maintenant, j’oublie tout, ça s’arrête là, je vous laisserai tranquille. Je ne vous poursuivrai pas. Mais si vous la gardez, je vous chercherai... Je vous trouverai... Et je vous tuerai.
Ce genre d’avertissement bien prononcé par le personnage principal au début d’un film me fait toujours plaisir à entendre. Ça fait grimper l’intensité d’un long-métrage d’un coup, le ton est donné et on sent que ça va très vite barder pour la suite des événements. Pierre Morel, réalisateur français du film Banlieue 13, nous offre un film d’action du cinéma français très percutant. Ce professionnel ne m’avait pas spécialement marqué avec son précédent long-métrage nous exposant à un environnement urbain carabiné et tendu de la ville de Paris mais avec Taken, on sent que le budget était sans doute plus profitable, qu’il disposait de plus de moyens techniques et qu'il s'est appuyé sur une ambition scénaristique bien plus favorable que celle de Banlieue 13.
Je suis rarement impressionné devant une production française à part quelques exceptions comme Le transporteur ou Le baiser mortel du dragon. J’ai toujours ressenti un manque de volonté de conquérir le plaisir d’un public, que les scènes d’action sont mal filmées pour nous surprendre et c’est généralement dépourvu d’un côté visuel spectaculaire pour garder en mémoire ce qu’on vient de visionner. Avec Taken, tout est différent, rien à voir avec la plupart des longs-métrages que j’ai matés jusqu’à aujourd’hui. Ici, c’est un compte à rebours qui est déclenché, on assiste au rythme nerveux de la traque menée par un ancien agent secret déterminé à retrouver sa fille kidnappée par un réseau albanais spécialisé dans la traite des femmes, organisation menée dans les rues les plus discrètes et les plus pourries de la capitale française.
Aucun temps mort, cette production est un véritable concentré d’action pure et dure, où tous les coups sont très réalistes, c’est réel et ça coupe le souffle après chaque plan mouvementé. Ce qui n’est pas habituel dans ce genre de long-métrage, c’est la corpulence mince et soignée du personnage principal porté par un Liam Neeson très convaincant, voire même stupéfiant. D’habitude, ce sont des gars baraqués ou ayant une musculature bien dessinée qui campent ce genre de rôle mais Liam Neeson casse drastiquement cette image. Il est vif, il se dépense pas mal, il casse la gueule à un bon grand nombre de mafieux, tout cela avec une violence incommensurable et sans limite. L’acteur avait déjà prouvé ce genre d’interprétation en campant le méchant dans Batman Begins mais c’était un rôle trop bien sommaire pour qu’il puisse confirmer ses talents évidents dans le combat rapproché.
Dans Taken, il est foudroyant, malin et ne perd pas son temps. C’est une révélation assez inattendue et donnant beaucoup d'intérêt à visionner ce film du début jusqu’à la fin, sans qu’on y renonce. Même si le scénario n’a rien d’impressionnant, ni d’exceptionnel dans son écriture, les scénaristes n’ont pas négligé la description inquiétante et précise d’un réseau de mafieux. On est vite intrigué, on est curieux de voir où ça peut remonter et on découvre que Liam n’est pas au bout de ses surprises pour mettre la main sur sa fille. De plus, ça ne plaisante pas dans les scènes d’action, les mafieux sont des êtres néfastes, lourdement armés et très organisés, ça prouve qu’on est face à un film d’action très prometteur, mené à un rythme d’enfer, monté soigneusement et marquant à tous points de vue. Bref, c’est un film d’action de même qualité qu’un film d’action américain et c’est rare d’en voir des comme ça, très rare je dirais même. 9/10
Tu me reconnais pas. On s’est eu au téléphone il y a deux jours... Je t’avais dit que je te retrouverais.