Dans le large sillon créé par Le Silence des agneaux et Seven, Taking lives convie intrigue supposée tortueuse, tueur bien secoué, enquêteur brillant et lien particulier entre les deux derniers. Surfant sur le succès de ses modèles, cette production invente peu de choses et laisse souvent à penser qu’on est chez Wish. Dominé par le minois d’une Angelina Jolie bien plus convaincante dans Bone collector qu’ici, le film emprunte tous les chemins balisés et ne surprend jamais. On n'est ainsi jamais surpris par des rebondissements qu’on a vu venir depuis des lustres et la révélation tant attendue dans ce type de récits n’en est franchement pas une si on est habitué à voir ce genre de thriller et si on a jeté un œil sur l’affiche avant de se lancer dans sa projection.
Le point positif est qu’on ne s’ennuie pas. Le rythme est plutôt bien géré et on suit l’ensemble facilement sans jamais regarder la montre. En revanche, très rapidement, on est fatigué de voir s’accumuler les clichés les plus éculés et les coïncidences les plus fameuses pour faire avancer l’histoire. L’intégration improbable d’une romance entre deux des personnages principaux est d’une bêtise affligeante et la fin est totalement ubuesque. Angelina Jolie en profiler qui ne pense qu’à son boulot puis Angelina Jolie qui règle les affaires comme n’importe quel personnage badass, on n’y croit vraiment pas une seconde.
Enfin, si le personnage d’Ethan Hawke est plutôt bien approfondi, la plupart des autres sont laissés au rancart, notamment le trio français (Tchéky Karyo, Jean-Hugues Anglade, Olivier Martinez) qui, au-delà d’introduire le personnage principal, font de la figuration. On se retrouve donc avec un énième ersatz des thrillers des années 90, tourné dix ans plus tard, sans jamais réussir à embrasser l’ambiance poisseuse et glauque attendue. Le scénario est mal fichu, il joue sur des ambiguïtés qui ne prennent pas et ne parvient pas à renouveler les figures du genre.