Taking Off
7.1
Taking Off

Film de Miloš Forman (1971)

Milos Forman est surtout connu pour deux films de sa période américaine Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) et Amadeus (1984). Quelques années plus tôt, le cinéaste tchèque découvrait les États-Unis réalisant Taking Off (1971) sur la lancée. Même si le film fut un échec commercial à sa sortie, ses qualités cinématographiques et son regard subversif sont indéniables. Les éditions Carlotta rééditent cette comédie grinçante assortie de suppléments passionnants. A ne pas manquer !


Le film d’une époque

Avec Taking Off, Milos Forman réalise en quelque sorte un film tchèque aux États-Unis. En 1968, il est autorisé à sortir de son pays pour se rendre à New-York. Là-bas, il envisage un long métrage sur la communauté hippie. Son projet prend alors du retard au gré des événements qui bouleversent le monde. Lorsqu’il revient à New-York deux ans plus tard, son scénario se concentre finalement sur ces parents, en réalité très nombreux, dont les enfants ont fugué. En effet, le fossé s’est creusé entre la génération des adultes, encore très conservatrice et celle des adolescents curieux de nouvelles expériences. Par ailleurs, l’effervescence des années 66-68 se heurte aux crises politiques : élargissement du Rideau de fer d’un côté, Guerre du Vietnam de l’autre. Milos Forman réussit précisément à capter les espoirs et l’inquiétude de cette jeunesse à ce moment charnière.


Télescopage et montage

La première partie ressemble à un documentaire, par exemple lorsque le réalisateur s’invite à un casting dans une cave ou quand il capte dans la rue des représentants chevelus et bigarrés de la génération hippie. La deuxième partie, davantage scénarisée, se focalise sur les parents d’une jeune fille que l’on a croisée précédemment. Le ton se fait alors plus caustique au fur et à mesure que le cinéaste dresse le portrait de ces adultes réprobateurs mais loin d’être eux-mêmes irréprochables. Ainsi, le père cadre commercial dont la vie semble avant tout guidée par son goût prononcé pour l’alcool et l’argent. Un télescopage générationnel que Forman traduit par un montage inventif, faisant se succéder adolescents décontractes et parents au bord de l’hystérie.


Scènes cultes et stars en devenir

Point d’orgue de ce portrait en creux d’une Amérique en rupture, la scène où la jeune fille présente son copain à ses parents. Le père constate en effet que le musicien hippie qu’il méprisait quelques secondes plus tôt gagne en réalité beaucoup plus que lui. A sa grande stupéfaction. Le film réserve ainsi quelques bonnes surprises scénaristiques et même, dans la dernière partie du film une scène irrésistiblement drôle dont le mieux est de ne rien en révéler. Enfin, dernière curiosité, le film est ponctué de passages de concerts où l’on reconnaîtra notamment la toute jeune Tina Turner qui nous a quittés il y a peu.

Un film à découvrir.


8/10


Critique parue initialement sur le MagduCiné

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le 4 sept. 2023

Critique lue 41 fois

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Theloma

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