Au Royaume de Fort Lointain, une femme entreprend de raconter une histoire à ses petits enfants venu veiller leur mère alitée et mourante à l’hôpital de Gimli.
Dit comme ça, on pourrait s’attendre à un joli conte plein de bravoure et de beauté, plein d’espoir et de bons sentiments. En fait, c’est à peu près tout le contraire. Une histoire de jalousie, une amitié sacrifiée sur l’autel de la vengeance, une maladie grave et une zone de quarantaine qui pourrait guérir n’importe qui de sa peur des hôpitaux…
Ca donne envie hein !? Mais attendez, ce n’est pas tout.
Je serai honnête, j’avouerai immédiatement que je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en regardant ce film. J’avais quelques indices et je savais que cela risquait d’être bizarre mais c’est à peu prêt tout. C’est ça lorsque l’on joue à faire confiance à des inconnus qui vous parlent de films !
Enfin bref, mon intérêt pour le film ne résidait pas vraiment dans l’histoire mais dans le concept.
Tourné à la fin des années 80, Tales from Gimli Hospital est une machine à remonter le temps. Pas seulement par son histoire, ses costumes etc., mais aussi et surtout par son visuel, sa musique.
L’image, en noir et blanc, crépite sous l’oreille et n’est pas toujours très propre. Oscillant entre le parlant et le muet, sa bande son renvoie immédiatement l’esprit vers ces vieux films muet à la musique si particulière. Ce n’est pas tant par le scénario que par la mise en scène et tout le travail technique que le spectateur se retrouve projeté dans une salle obscure des années 30 ou 40. Une expérience qui vaut le déplacement. Promis.
Car sur le plan technique, le film est parfait. Original, il est parfaitement maîtrisé et les jeux d’ombres sont magnifiques. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la scène où, derrière son drap blanc éclairé, l’infirmière se change avant d’aller retrouver son patient préféré. L’obscurité à la part belle dans ce film et les ombres, plongent le spectateur dans une ambiance à la fois angoissante et fascinante.
Mais l’expérience n’est pas que visuelle. Le film, comme je l’ai dis plus haut, est presque muet et certaines scènes, où seule le crépitement de la bande son et le vent accompagne l’oreille du spectateur (comme cette scène terrifiante où le héros, somnambule, se lève durant la nuit pour manger le chapeau d’une des infirmières), sont vraiment prenantes.
Les acteurs quant à eux, sont bluffants. Le style du film les y obligeant, il doivent faire passer leurs émotions et leurs sensations par un jeu basé spécialement sur le physique. Terreur, tristesse, colère, jalousie, tout apparaît sur leur visage avec limpidité et faute de pouvoir s’exprimer par la parole, ils le font merveilleusement bien avec leur corps.
Les rôles féminins quant à eux, énigmatiques au possible (et ce n’est pas peu dire dans un tel film), sont également bien tenus. Spécialement pour les infirmières aux regards si particuliers.
Un peu perturbant au départ, le film demande un peu de patience. Les mystères prennent leur explication à mesure qu’il se déroule et la longueur de certains passages peut être intimidante. La tentation est grande pour le spectateur impatient de déclarer forfait face à un scénario de prime abord un peu obscur. Que sont ces cicatrices qui apparaissent sur le corps du héros et que l’on retrouve sur ses voisins de lit ? Quel est cette grange dans laquelle ils sont amassés ? Tout vient à point qui sait attendre et l’histoire conté par Gunnar donne un second souffle au film.
D’un point de vu totalement subjectif, j’avoue rester sceptique après le visionnage de ce film. Il est une expérience sensorielle vraiment intéressante et est esthétiquement très réussit. Cependant, bien que l’histoire soit prenante, elle ne m’a pas fait vibré. Les sentiments abordés y sont pourtant forts ! Et j’admettrai même que le seul passage coloré, hallucination d’Ennar, m’a un peu perdu en cour de route.
Tales From Gimli Hospital est donc un film très particulier qui ne saurait laisser indifférent, qu’il s’agisse de ses aspects techniques ou de son scénario. Un film pourtant très intéressant à voir, qu’on l’apprécie ou non, ne serait ce que pour l’expérience qu’il fait vivre.