Tallulah vit sur les routes, accompagné de son petit amie Nico, tout deux à bord d'un tas de ferrailles qu'ils appellent un van, dans la plus pur tradition hippie. Nico veut se poser, considérant qu'il a suffisamment baroudé, mais Tallulah tient beaucoup trop à cette vie bohème. Nico prend donc la poudre d'escampette, non sans avoir emporté tout leur argent. Tallulah se rend chez la mère du petit voleur, espérant le retrouvé, ou moins gratter un peu de thune. Vaine tentative. Le hasard fait que Tallulah rencontre Carolyn, une mère indigne plein aux as, dont elle kidnappe le bébé à la fois pour le protéger, mais aussi à des fins personnels. En effet, avec cet enfant qu'elle prétend être le sien et celui de Nico, la mère de ce dernier se montre plus conciliante.
L'intérêt de ce film est de dresser le portrait de trois femmes ayant un rapport très différent à la maternité. Commençons par Tallulah, qui ne veut pas se poser et ne veux pas d'enfant, c'est d'ailleurs la raison de sa rupture avec Nico. Elle prétend ne pas être douée avec les enfants, pourtant elle se montre bien plus compétente dans le rôle de mère que Carolyn, qui lui demande de jouer les baby-sitter le temps d'une soirée. Elle s'attache immédiatement au bébé, et réciproquement. Je sais, c'est un peu facile cette idée de prendre gout à la maternité en s'occupant d'un bébé adorable, mais j'ai trouvé que ce sentiment était très bien rendu ici. Notons qu'ici Ellen Page reprend quasiment le rôle qu'elle a tenue dans l'excellent Juno.
Il y'a ensuite le personnage de Carolyn, devenue alcoolique et dépressive après sa grossesse. Depuis ce temps elle à pris du poids qu'elle n'arrive pas à perdre, ses seins ne sont plus aussi rebondis qu'avant (je ne fait que citer), et par conséquent son mari ne la regarde plus. Un laïus très répandu au cinéma comme partout ailleurs. Là où se personnage est intéressant c'est que la maternité à été pour elle une malédiction, mais qu'elle n'est plus rien si elle n'est plus une mère. Après avoir perdu son enfant son monde s'écroule. Elle craint, sans doute à juste titre, que son mari divorce parce qu'elle ne sert plus à rien. Les enquêteurs, qui l'ont très bien cernés, la méprise parce qu'elle a raté le but de sa vie : protéger son enfant. Ce kidnapping est une claque qui lui apprend qu'être mère ce n'est pas une fin, c'est un début.
Enfin il y'a Margo, qui à très bien réussi professionnellement (c'est une sociologue publiée), mais qui a raté sa vie de femme. Son mari l'a quitté, mais ce n'est pas sa faute, il est gay et il le savais avant de se marier. Son fils l'a quitté aussi, mais ce n'est encore pas sa faute, Nico était un adolescent et comme tout les ados il détestait ses parents et avais envie de partir à l'aventure. Quand Tallulah arrive dans sa vie elle se prend une affection maternelle pour la jeune hippie. Même si parler de "combler un manque affectif" serait exagéré. Margo est une bonne mère, malgré l'impression qu'on peut avoir quand on connait son histoire.
Ces portraits subtils et sincères font la force de ce film. Ce qui n'est pas le cas de la réalisation, beaucoup trop conventionnelle et plate. De même pour la bande son qui passe souvent inaperçue, et quand on prend le temps de l'écouter on a l'impression d'être dans une pub pour un parfum. Tallulah est par excellence ce genre de film qui raconte des bonnes histoires, mais qui n'est pas une œuvre cinématographique. On en prend ni plein les yeux, ni plein les oreilles. Un genre de film qui plafonne 7/10. En l'absence d'un bon réal je ne pouvais pas mettre plus que cette note.