Un lettrage vieillot et une musique démodée pour commencer. Talons aiguilles aurait du mal à supporter le poids des ans? Une petite fille, Rebecca, qui veut les mêmes boucles d'oreilles que sa maman, et qui pleure parce qu'elle en a perdu une. Pas de risque d'être démodé! Les relations compliquées mère-fille chères à Almodovar sont éternelles et par conséquent le film n'a pas pris de rides.
Le metteur en scène va donc nous amener dans son monde centré sur les femmes et va nous jouer plusieurs numéros de cabaret qui vont s'enchaîner sans aucun temps mort. Les époques vont se croiser avec Rebecca enfant puis devenue adulte. Les lieux de l'action vont se multiplier: à l'aéroport; dans le cabaret; dans les coulisses du cabaret; sur un plateau télé avec la fameuse scène où Rebecca avoue en direct son crime; dans le bureau du juge; sur scène; en prison; à l'hôpital. Les genres vont se mélanger. C'est bien du mélodrame mais on touche à la comédie, à l'analyse psychologique et il y a réellement dans la deuxième partie une enquête policière. Il y a même une ébauche de comédie musicale en prison! Pour varier le programme l'artiste nous offre un paso doble sur le thème coupable - faux coupable qui laisse dans le flou un bon moment. Surtout on a droit à deux magnifiques chansons mélos interprétées par Luz Casal: Un ano de amor et Piensa En Mi. Rien que pour elles le film mériterait d'être vu. On a aussi droit à un numéro d'illusion où Miguel Bose change de costumes et de personnage à toute vitesse. Et aussi un numéro mixte de barre fixe avec Victoria Abril et Miguel Bosé. C'est un grand moment de bravoure, le clou du spectacle! Et pour terminer un exercice d'acrobatie avec double salto arrière: la mère égoïste et prisonnière des apparences tout au long du film s'offre en sacrifice pour sa fille à la toute dernière scène.
Certaines pourront être irritées par ces numéros qui donnent un peu le tournis, ça peut se comprendre. Mais la générosité triomphe in extremis. Et Pedro Almodovar retombe impeccablement sur ses pieds. Avec des talons aiguilles il fallait quand même le faire.