Il est effrayant de constater que le dernier succès d'Etienne Chatiliez remonte à... 2001. Avec, justement, Tanguy, cet adulescent tête à claques que l'on n'imaginait jamais revenir sur le grand écran. Surtout après 18 ans.
Chatiliez ne se cache qu'à peine de sa tentative de come back. Et l'on se demande assez longtemps, durant la séance, ce qu'il veut réellement en faire. Car le premier quart du film apparaît bien autre, loin de la comédie grinçante et bien méchante d'antan. Tout juste le public s'amusera-t-il d'un running gag facile sur la prostate d'André Dussollier, bientôt suivi de quelques piques sur ses pertes de mémoire récurrentes.
Mais rien qui n'arrache plus qu'un sourire. Il y aura aussi, de temps à autres, l'entourage du couple Guetz, prévoyant dans son dos l'éternité du retour au nid familial.
Au point que l'on doute presque de la nature comédie de l'entreprise, sans que cela soit pour autant pénible à suivre. On se dit juste que Chatiliez capitalise sans trop se renouveler, sans trop chercher à surprendre. Jusqu'à ce que Tanguy s'invite à nouveau, flanqué d'une mini-moi aussi gentille, mielleuse et sans gêne que son ascendance.
La piste est plutôt sympathique, et prétexte à quelques débordements verbaux et gastriques dont André Dussollier et Sabine Azéma ont le secret et font se souvenir du bon vieux temps. Sauf que le réalisateur, dix huit ans après, semble avoir perdu sa caméra alerte et l'envie de tenter autre chose. On le verra donc recycler ses vieux gags, même s'ils sont toujours sympa dans leur sadisme. Mais Chatiliez, malheureusement, se montre toujours, au bout du compte, assez loin du niveau de son film original en terme de rythme et de comédie pure.
Jusqu'à penser à une certaine forme de paresse ou de renoncement. Même si on se surprend à éprouver la même affection pour les personnages qui nous ont tant fait rire en 2001.
Il faudra attendre que l'envahissement de l'appartement des Guetz prenne des allures de véritable yellow invasion pour que le film adopte un nouveau souffle, alors que Sabine et André, de manière paradoxale, se trouvaient à deux doigts de la libération.
Et comme par miracle, l'oeil acerbe d'Etienne Chatiliez s'ouvre enfin, mettant le spectateur face à la souffrance et au dépit de son couple vedette que l'on devinera sans peine durer de (trop) longues années... Comme un retour de boomerang ou un équilibre de balance karmique rétabli.
L'humour noir cinglant semble s'être transformé en une certaine forme de résignation, en regard amer. Comme si Tatie Danielle était derrière le combo.
Mais si Tanguy, le Retour se hisse sans mal au dessus de l'infâme fange actuelle de la comédie merde in France, il peine à renouer pleinement avec ce qui a fait son succès et sa drôlerie d'il y a dix-huit ans. Et devant un tel chiffre, il n'est pas interdit de penser, ou encore de s'exclamer en sortant de la salle un truc du genre : Putain, moi aussi je deviens vieux !
Pfff...
Behind_the_Mask, en pleine crise de fièvre jaune.