Je cherchais un court-métrage à voir, et voici qui apparaît en deuxième position dans le sondage SC ce film au titre intrigant, dont on se demande d’emblée s’il est sérieux ou provocateur. Voyons de quoi il s’agit. Ça nous parle de jeunes paumés dans un petit bled, probablement dans le sud-ouest. Il y a là manifestement beaucoup de résidences secondaires, des piscines que l’on peut squatter. Il y aurait tout pour être heureux et pourtant les jeunes vont très mal. On ne sait pas bien pourquoi, d’ailleurs. Dans le cas des deux jeunes sur lequel le film se concentre, il n’y a pas ou plus de parents, il y a une allusion à des faits mais on n’apprend rien de plus par la suite, du coup, il aurait mieux valu ne rien dire. Soit on explique, soit on se centre sur la situation.
La question du suicide est abordée. Il faut du courage pour se suicider, quand ce n’est pas sous le coup d’une impulsion. On n’est plus, mais on laisse les autres. Ici, Joshua a ce projet en tête, mais il ne va pas laisser son frère tout seul. D’autant plus que lui non plus il ne va pas bien, Maël, vraiment pas bien. Lui trouver une « famille », un groupe dans lequel il existera et sera considéré. Le groupe, ce pourrait être le club de rugby du coin, une bande de pote ou une asso quelconque. Mais ici, il n’y a rien. Le seul espoir, un gang. Oui, on est dans un bled paumé, mais le scénariste nous pond un gang, le gang des icebergs pour tout dire. Faut arrêter de fumer la moquette, dès fois. Un gang parce que le scénariste veut introduire une arme, pour montrer qu’au-delà du sentiment de puissance qu’il peut offrir à celui qui le porte, le fusil à pompe te donne déjà le sentiment d’exister. Le fusil, c’est la clef : la clef des champs, la porte de sortie, l’issue qui devient un possible. Il dégage la vue et l’horizon. Tu maîtrise ton destin.
Le film, avec de belles images aborde ainsi le malaise de la jeunesse. Le début était très bien, la fin sans intérêt, et on peut se demander l’intérêt de ce genre de film, par rapport à la littérature qui peut dire bien plus de choses. Qu’apporte ici le cinéma ? Le film se regarde, c’est plutôt joli, intrigant, mais le soufflet retombe vite. C’est joli et après ? On n’a pas passé un mauvais moment mais qu’en reste-t-il ?
Sinon, pour l’anecdote, le film est manifestement une réponse à un autre court, qui avait fait pas mal de bruit : J’ai vomi dans mes cornflakes de Pierrick Servais. J’avais fais le lien, et ça devient encore plus évident quand on voit le jeune, à la fin du film, manger ses céréales dans la cuisine. La réponse est claire, aussi : désormais, les jeunes ne manifestent plus, ils sombrent.